La mobilité des populations urbaines représente une importante source d’émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les pays industrialisées. Selon l’OCDE, le secteur des transports représente 23% des émissions de CO2 au niveau mondial et 30% de celles des pays de l’OCDE. Entre 1990 et 2007, le total des émissions de GES résultant des activités de transport ont cru de 45%, le transport routier étant largement responsable de cette augmentation. Or le type de développement urbain qui prévaut dans les pays de l’OCDE depuis la seconde moitié du vingtième siècle privilégie d’une façon générale la mobilité automobile, la voiture personnelle étant devenue le mode dominant de déplacement.

Réalisée par les professeurs François Des Rosiers, Marius Thériault et Marie-Hélène Vandersmissen de l’Université Laval en collaboration avec Monsieur Gjin Biba, économiste, cette recherche en partenariat s’inscrit dans le cadre du programme Action concertée du FRQNT et vise à approfondir les liens qui existent entre, d’une part, les émissions de GES liées au transport des personnes et, d’autre part, la forme urbaine, les comportements de déplacement des ménages, leurs choix résidentiels ainsi que les contraintes budgétaires qu’impliquent ces choix. Utilisant la région de Québec comme terrain d’étude, la recherche combine diverses sources d’information, dont les données de l’enquête origine-destination (O-D) qui permettent de simuler la structure des déplacements quotidiens des individus, le recensement de la population ainsi que les informations de 2006 relatives à l’utilisation du sol, la base spatiale utilisée pour les analyses étant constituée d’une grille de quelque 3 900 cellules hexagonales de 250 mètres de rayon. Quant à l’approche analytique de la recherche, elle repose sur une série de modèles d’équations structurelles qui rendent possible la prise en compte simultanée de relations causales entre plusieurs variables endogènes (i.e. dont la valeur est déterminée par le modèle) et exogènes (i.e. explicatives et indépendantes les unes des autres). Ces modèles permettent de mesurer – et c’est là l’originalité de ce projet – les impacts tant directs qu’indirects qu’exercent la forme urbaine, les facteurs d’accessibilité et les attributs socioéconomiques des individus sur les émissions de GES ainsi que sur le fardeau financier des ménages relativement au logement et au transport et sur leur taux de motorisation.

Comme on pouvait s’y attendre, les résultats de notre recherche suggèrent que le niveau des émissions de GES augmente en fonction du taux de motorisation des ménages et du niveau de revenu des propriétaires de résidences. Les locataires dont le ratio des dépenses de logement par rapport au revenu est élevé ont tendance à se localiser à proximité des zones centrales (et de leur emploi) de façon à minimiser leur budget global de transport, réduisant de ce fait leurs émissions de GES. D’autre part, l’amélioration de l’accessibilité automobile aux emplois et aux services a pour effet d’accentuer l’étalement urbain et, partant, d’augmenter ces émissions. Par contre, une hausse de la densité résidentielle, une intégration accrue des fonctions urbaines (diversité des usages) ainsi qu’une meilleure accessibilité piétonnière aux emplois et aux services a clairement pour effet de promouvoir les modes de déplacement actifs et ainsi de réduire les GES.

Dans la mesure où 40% des émissions totales de GES à Québec sont liées au transport, de telles conclusions, qui permettent de quantifier les relations entre les diverses dimensions à l’origine des émissions de GES liés au transport des personnes, sont susceptibles d’avoir des retombées positives sur les pratiques de planification urbaine et sur l’élaboration de politiques publiques en matière de logement et de transport. Par ailleurs, l’outil web d’aide à la décision qui est en cours de développement et qui découle directement des résultats de cette recherche novatrice vise à promouvoir le développement durable dans la région de Québec en permettant aux ménages d’ajuster leurs choix résidentiels de façon à minimiser le budget global qu’ils consacrent au logement et au transport.

Chercheur responsable

François Des Rosiers, Université Laval

Équipe de recherche

  • Marius Thériault, Université Laval
  • Marie-Hélène Vandersmissen, Université Laval

Durée

2010-2013

Montant

96 000 $

Partenaires du projet

  • Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture
  • Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation

Appel de propositions

Réduction et séquestration des gaz à effet de serre