L’épinette noire est l’espèce la plus reboisée au Québec. La qualité des plants mis en terre ainsi que la qualité de reboisement elle-même déterminent en grande partie la productivité d’une plantation. Une croissance rapide dès les premières années est importante afin de maximiser la productivité de la plantation, mais également afin d’éviter que des espèces indésirables prennent le dessus et entrainent des pertes de croissance et des coûts d’entretien supplémentaires. La capacité des plants à absorber l’eau du sol est un des facteurs les plus importants affectant la rapidité des plants à s’établir, ce qu’ils font en produisant de nouvelles racines. Le système racinaire de l’épinette noire mature est adventif (la majorité des racines des arbres matures se sont développées sur la tige, au-dessus du niveau du collet, et non à partir des racines initiales).

Pour favoriser la formation de racines adventives, la base de la tige doit être en contact avec des conditions d’humidité élevées. En conséquence, lorsque la nature des microsites ou la méthode de plantation ne sont pas propices à la formation des racines adventives, le retard de production de nouvelles racines pourrait expliquer les délais de croissances observés en plantation.

Le projet visait donc à comprendre la physiologie d’établissement de l’épinette noire en plantation en lien avec la mise en place de son système racinaire adventif. Nous avons utilisé des tests en milieu contrôlé (serres et chambres de croissance)  ainsi que sur le terrain (près de Chibougamau, Chapais et Normandin) pour : 1) déterminer l’importance du système racinaire adventif par rapport au système racinaire initial pour la croissance et la physiologie de l’épinette noire; 2) déterminer l’effet de la nature de différents microsites de plantation sur la formation du système racinaire adventif et la croissance de l’épinette noire et 3) évaluer l’influence de la profondeur de plantation sur la formation du système racinaire adventif et sur la croissance à moyen terme.

Les résultats ont montré l’importance du système racinaire adventif chez l’épinette noire (et blanche, pour l’un des tests). Par contre, nous n’avons pas pu démontrer de lien entre l’enfouissement des plants au moment de la plantation, la vitesse d’installation du système racinaire et la croissance des arbres. En général, les arbres qui avaient été plantés plus profondément (5-12 cm) avaient la même taille ou une taille légèrement supérieure après 15 et 23 ans que les arbres qui avaient été plantés au niveau du sol.

Les retombées actuelles et prévues sont qu’on sait maintenant que le reboisement des épinettes peut se faire entre le niveau du sol et une profondeur d’au moins 12 cm, sans risquer de nuire à la croissance des arbres. Ceci représente une découverte important pour le planteur qui ne devrait pas être pénalisé pour l’enfouissement de la base des plants. Le projet a également montré qu’un pré-enfouissement en serres lors de la production des plants (qui nécessite un repiquage additionnel), bien qu’il favorise le développement des racines adventives, n’est pas nécessaire ou souhaitable parce ce qu’il n’a pas apporté d’avantage en croissance aux plants à moyen terme.

Chercheure responsable

Annie DesRochers, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue

Équipe de recherche

  • Jean-Pierre Girard (Ministère des Ressources naturelles et de la Faune)
  • Cornelia Krause (Université du Québec à Chicoutimi)
  • Daniel Lord (Université du Québec à Chicoutimi)
  • Dario Marceau (Barrette-Chapais Ltée)
  • Nelson Thiffault (Ministère des Ressources naturelles et de la Faune)

Durée

2010-2013

Montant

205 670 $

Partenaire financier

  • Fonds de la recherche forestière du Saguenay-Lac-Saint-Jean

Appel de propositions

Forêt boréale au Saguenay-Lac-St-Jean