Le Canada possède d’importantes ressources minières dont l’exploitation est aujourd’hui en plein essor, mais ces activités peuvent représenter un défi environnemental important. Dans ce contexte, le développement d’outils de suivi des effets des contaminations métalliques dans l’eau vise, à terme, une meilleure protection des écosystèmes aquatiques. Aujourd’hui, la présence de contaminants est traditionnellement suivie par des analyses physico-chimiques de l’eau. Cependant, ces mesures peuvent être complexes et ne reflètent pas nécessairement le risque que posent les contaminants. En effet, divers facteurs peuvent influer sur la biodisponibilité et la facilité avec laquelle ces contaminants peuvent entrer dans les organismes aquatiques.

L’objectif de ce projet était de développer un outil pour le biosuivi de la contamination métallique. Pour ce faire, il est important de sélectionner un modèle biologique possédant les bonnes qualités : il doit être présent dans tous les milieux, incluant ceux qui sont contaminés, et doit donc être tolérant aux contaminants. Contrairement aux poissons et insectes aquatiques, les micro-organismes sont toujours présents dans les cours d’eau et on les retrouve en grande concentration sous la forme de biofilms. Il s’agit d’un mélange complexe d’algues unicellulaires, de champignons et de bactéries se développant à la surface, entre autres, des cailloux. De plus, ces micro-organismes se trouvent à la base de la chaîne alimentaire. Ainsi, si un contaminant a un effet négatif sur le biofilm, les effets négatifs peuvent ainsi se répercuter sur le reste de l’écosystème par un effet domino le long de cette chaîne alimentaire.

Le développement d’un outil utilisant le biofilm permettrait d’améliorer notre capacité à évaluer l’impact des activités minières sur les écosystèmes aquatiques. Nous avons donc mené plusieurs campagnes d’échantillonnage dans deux régions minières du Canada : au nord du Québec au Nunavik, et au sud de l’Ontario dans la région de Sudbury.

Ces travaux ont permis d’établir des liens entre la concentration d’un métal dans l’eau, la composition de l’eau et la concentration de métal dans le biofilm. Étant donné que les concentrations de métaux accumulés par le biofilm étaient similaires entre les deux régions pour des conditions comparables, cela suggère que le biofilm peut être utilisé à grande échelle. Une autre application possible de ces travaux est l’utilisation du biofilm pour l’évaluation de la récupération des milieux récepteurs après la réhabilitation d’un site minier. Ce nouvel outil a un grand potentiel d’application qui permettra de mieux gérer les impacts environnementaux des activités anthropiques liées aux métaux.

Chercheur responsable
Claude Fortin, Institut national de la recherche scientifique

Équipe de recherche
Claude Fortin, Institut national de la recherche scientifique
Isabelle Lavoie, Institut national de la recherche scientifique
Soizic Morin, IRSTEA
Séverine La Faucheur, Université de Genève

Durée du projet
3 ans

Montant
259 900 $

Partenaire financier
Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles

Appel de propositions
Développement durable du secteur minier