Entre l’an 800 et l’an 1000, la civilisation maya vit une crise politique et démographique profonde au cours de laquelle de nombreuses villes sont abandonnées. Pourtant, la ville maya d’Ucanal, située dans l’actuel Guatemala, connaît au même moment une période florissante.

Christina Halperin, chercheuse en anthropologie à l’Université de Montréal, a analysé les structures de gestion de l’eau dans le site archéologique d’Ucanal. La gestion de l’eau constitue un sujet particulièrement important, dans un contexte où une crise climatique marquée par de fréquentes sécheresses est souvent présentée comme l’un des facteurs clés de l’effondrement de la civilisation maya classique.

Un relevé topographique du site, une analyse des bassins hydrographiques et une série de sondages du terrain montrent que les infrastructures d’Ucanal ne visaient pas seulement à accumuler de l’eau pour traverser les périodes sèches : les cinq canaux découverts jusqu’à maintenant servaient au contraire à évacuer l’eau hors de la ville et à la déverser dans la rivière Mopán, afin de réduire les risques d’inondation.

Depuis plusieurs années, le portrait de la fin de l’ère classique des Mayas sur le plan climatique a été beaucoup nuancé. Plutôt qu’une sécheresse généralisée, de récentes données laissent entrevoir une période au cours de laquelle sécheresses, pluies abondantes et ouragans se sont succédé. L’analyse de l’équipe de Christina Halperin tend à soutenir cette hypothèse. Elle montre que les Mayas d’Ucanal ont construit leurs infrastructures d’évacuation de l’eau à la fin de l’ère classique. Un signe clair qu’ils devaient gérer de fortes pluies et non seulement un manque d’eau.

L’analyse archéologique révèle ainsi que les infrastructures de gestion de l’eau construites par les résidents de la ville d’Ucanal ont aidé ces derniers à affronter des conditions climatiques difficiles et variées, et à prospérer au cours d’une période pendant laquelle d’autres villes mayas ont rapidement périclité.