Ce projet de recherche visait à mieux comprendre les modalités et l’impact de la publicité des loteries dans la population québécoise en fonction de certains critères de vulnérabilité socio-économique.

Nous nous interrogions également sur les enjeux liés à la présence concomitante dans l’espace public de messages de promotion des jeux de hasard et d’argent (JHA) et de certains messages de prévention des JHA.

Les loteries font payer un tribut supérieur aux sphères défavorisées de la population.

La présente recherche nous a permis de constater la diversité et l’ubiquité des publicités relatives aux loteries, auxquelles une grande majorité de la population est exposée, y compris les mineurs et les non-joueurs. Pour l’ensemble des répondants, plus l’on est exposé à la publicité, plus grande est la dépense en billets de loterie. Nous avons aussi démontré que les messages publicitaires véhiculent des biais cognitifs qui influencent les attitudes et les intentions comportementales.

Dans notre sondage, des liens significatifs ont été trouvés entre l’exposition, les comportements de jeu, les croyances et certains indicateurs (scolarité, revenu, statut d’emploi). Par exemple, les personnes les moins scolarisées sont celles qui participent et dépensent le plus à la loterie, elles étaient également plus nombreuses à penser que les publicités étaient très ou excessivement présentes dans leur vie de tous les jours et que leur quantité avait augmenté ces dernières années. Ces mêmes personnes qui appartiennent en plus à un ménage déclarant un faible revenu sont plus enclines à avoir déjà vécu des expériences négatives liées à leurs habitudes de jeu. Elles sont aussi plus nombreuses à estimer que la loterie constitue une stratégie efficace pour régler les problèmes financiers et que les stratégies améliorent les chances de gagner.

Ces résultats appuient le postulat voulant que les loteries fassent payer un tribut supérieur aux sphères défavorisées de la population et que cette problématique s’inscrive dans une dynamique d’inégalités sociales et de santé. Ils posent la question de l’adéquation de la prévention mise en place au Québec. Les résultats globaux amènent aux pistes suivantes : le discours et la prévention consentis au jeu dans la sphère publique devraient intégrer explicitement le principe que la loterie et les JHA ne constituent pas une stratégie économique viable, que les gains conséquents sont marginaux et que la somme des mises constitue plutôt une perte tangible qui contribue à perpétuer la défavorisation. Dans une perspective de création d’environnements favorables à la santé, des mesures législatives d’encadrement de la quantité, de la localisation et du contenu du marketing des jeux constitueraient des mesures de prévention prometteuses.

Chercheure principale

Élisabeth Papineau, INSPQ

Résumé

Rapport de recherche

Appel de propositions

Dépôt du rapport de recherche : juillet 2012