Le Québec compte plusieurs programmes de promotion des modes de déplacement actifs dans le but de diminuer la sédentarité chez les jeunes ainsi que les problèmes de santé qui y sont associés. On accorde évidemment la plus haute importance à ce que les déplacements à pied ou à vélo sur le chemin de l’école ou aux abords des terrains de jeux s’effectuent dans les meilleures conditions de sécurité. Or, l’insécurité routière constitue justement l’une des principales raisons invoquées par de nombreux parents pour privilégier l’automobile comme principal mode de déplacement de leurs enfants sur le chemin de l’école. Comment s’assurer que les déplacements des enfants dans leur quartier se fassent dans les meilleures conditions de sécurité et quelles interventions semblent les plus efficaces à cet égard ?
C’est dans cette perspective qu’une équipe de recherche a abordé la problématique de la sécurité des enfants près des écoles et des terrains de jeux, à la fois dans ses dimensions psychologiques et d’aménagement de l’espace urbain. L’équipe était composée de Jacques Bergeron et Juan Torres de l’Université de Montréal et de Marie-Soleil Cloutier de l’Institut National de la Recherche Scientifique et pouvait compter sur la participation active d’Annick St-Denis, directrice au transport actif, chez Vélo Québec. Les membres de l’équipe ont mis en commun leurs expertises en psychologie, urbanisme et géographie dans le but de mieux documenter l’impact des interventions sur l’environnement bâti sur les risques réels et perçus des déplacements des enfants aux abords des écoles et des terrains de jeux.
L’un des aspects novateurs du projet de l’équipe portait justement sur une double évaluation du risque, fondée à la fois sur des mesures objectives et des mesures dites subjectives. L’équipe trouvait en effet important d’étudier le risque routier sous divers angles, incluant bien sûr l’analyse des facteurs de risque environnementaux (reliés par exemple à l’infrastructure routière), mais aussi l’évaluation des attitudes, perceptions et sentiments de sécurité (ou d’insécurité) des enfants et de leurs parents en fonction des caractéristiques du milieu. Nous savons depuis longtemps que l’environnement bâti contribue au bilan des accidents piétonniers. Le projet de l’équipe arrive au même constat à la fois pour les perceptions du risque chez les parents et les enfants et pour les interactions entre les véhicules et les piétons. C’est ainsi que les enfants ont nommé spontanément et avec facilité plusieurs dispositifs d’apaisement de la circulation présents dans leur trajet entre le domicile et l’école, tout comme la vitesse des véhicules motorisés est clairement ressortie comme la principale menace à leur sécurité. De plus, les enfants interrogés sont bien conscients des différents degrés d’efficacité pour que les aménagements en place contrôlent cette même vitesse (panneaux de signalisation versus dos d’âne).
Les résultats obtenus dans les analyses effectuées sur les attitudes et perceptions des parents montrent que des activités de sensibilisation permettent de réduire les sentiments d’insécurité des parents et ainsi d’influencer le transfert modal vers des déplacements actifs, mais indiquent aussi que l’intensité de l’insécurité parentale est fortement liée aux variables spatiales de distance et de type d’environnement de l’école. Ce qui converge non seulement avec les données statistiques d’accidents, mais aussi avec les observations de terrain réalisées dans un autre volet du projet, concernant la prépondérance des variables environnementales sur les interactions entre enfants et automobilistes. De même, certains éléments du bâti sont problématiques selon les observations de terrain en raison d’une plus grande probabilité de courtes distances entre le véhicule et le piéton et de non-respect de la priorité de la part des automobilistes lorsqu’il y a une interaction.
Finalement, bien que les abords des écoles représentent un microcosme protecteur en raison de ses aménagements spécifiques (signalisation, zone de 30 km/h), la présence de routes majeures et de voies cyclables augmente les possibilités de conflit avec les voitures tandis que la présence de brigadiers et de brigadières adultes protège les enfants de ces interactions potentiellement dangereuses. Les résultats de l’équipe pourront contribuer à mieux outiller les personnes autorisées à prendre les décisions afin de poursuivre la promotion des transports actifs vers l’école tout en protégeant les enfants des risques de collisions dans leurs déplacements à pied ou à vélo dans le quartier.
Chercheur responsable
Jacques Bergeron, Université de Montréal
Équipe de recherche
- Jacques Bergeron, Université de Montréal
- Marie-Soleil Cloutier, Institut national de la recherche scientifique
- Annick St-Denis, Vélo Québec
- Juan José Torres Michel, Université de Montréal
Durée
3 ans
Montant
150 000 $
Partenaire financier
- Fonds de recherche du Québec – Santé
- Ministère des Transports du Québec
Appel de propositions
Sécurité routière