Martin Beauregard, chercheur-créateur en art à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), travaille à renouveler les processus de création en lien avec le son, l’image et les objets. Un récent projet l’a amené à matérialiser des sons dans des sculptures réalisées en impression 3D.

Le chercheur a utilisé des archives sonores d’attentats terroristes survenus à Paris, Bruxelles et Istanbul en 2016 et 2017. Prélevées en ligne, ces vidéos ne présentent pas les attaques elles-mêmes, mais plutôt la confusion qui les suit dans les quartiers touchés.

Il a intégré ces images et ces sons dans des logiciels d’animation 3D. L’exercice consiste à faire vibrer des objets placés dans des scènes virtuelles à l’aide de sons tirés des archives. Un peu comme si des ondes radio contaminaient l’espace au point de transformer les objets de la vie quotidienne. Les formes ainsi dessinées ont ensuite été modélisées en 3D, puis imprimées pour réaliser notamment les projets Another Day, Rattle et Grenades. Les sculptures sont alors devenues des empreintes matérielles des sons qui avaient été utilisés pour faire vibrer les environnements virtuels. 

Cette idée de trace ou d’empreinte est généralement liée aux arts de l’image, surtout la photographie, mais très peu à la sculpture. Les travaux de Martin Beauregard montrent que des objets peuvent encapsuler une certaine mémoire et même traduire des archives sonores dans des formes inédites.

Ce projet fait partie d’une série d’initiatives qui ont grandement contribué à la fondation du Laboratoire intersectoriel d’impression 3D de l’UQAT, inauguré en octobre 2022. Il a aussi mené à l’élaboration de nouveaux procédés numériques de traduction des sons en signes visuels.