Anne-Marie Nader

Détentrice d’un postdoctorat en psychiatrie
Centre de recherche du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, Université du Québec à Trois-Rivières

Publication primée : Category Learning in Autism: Are Some Situations Better Than Others?

Publiée dans : Journal of Experimental Psychology

Résumé

L’apprentissage repose sur la capacité à organiser l’information et à former des concepts, permettant de généraliser ce qui est appris dans un contexte à une nouvelle situation. Mais qu’est-ce qui supporte les apprentissages chez les enfants autistes? Actuellement, la majorité des méthodes d’intervention auprès des enfants autistes s’appuient sur des modèles d’apprentissage développés auprès d’une population neurotypique. Bien souvent, on est porté à croire que les enfants autistes nécessitent d’emblée d’un soutien important pour apprendre, notamment en raison des défis liés aux fonctions exécutives et à la sensibilité à la surcharge sensorielle. Pourtant, les mécanismes d’apprentissage des personnes autistes différeraient des enfants dits typiques et la perception, plutôt orientée vers un traitement local et marquée par une facilité à extraire systématiquement des régularités lorsqu’exposés à une grande quantité d’informations, pourrait jouer un rôle plus grand dans leur facilité à apprendre une nouvelle information. L’étude d’Anne-Marie Nader et de ses collaborateurs a pour objectif d’étudier les stratégies et les conditions favorables à l’apprentissage de nouvelles informations chez les enfants autistes, plus précisément l’impact de deux des facteurs importants de la situation d’apprentissage : l’intensité de la rétroaction donnée en cours d’apprentissage et la manière de présenter le matériel à apprendre. Les enfants autistes pourraient être aidés par une situation d’apprentissage où 1) l’ensemble de l’information est présenté simultanément (accès à tous les éléments en même temps vs présentation séquentielle de type « un élément à la fois »), et par 2) une rétroaction de plus faible intensité, laissant une plus grande place à une rétroaction donnée de manière inhérente par la tâche. Des enfants autistes et typiques ont été exposés à deux situations d’apprentissage de catégories probabilistes où l’enfant devait dégager la règle permettant de classer des stimuli dans deux catégories perceptuelles. La première tâche d’apprentissage variait sur la manière de présenter le matériel (présentation séquentielle vs simultanée) alors que la seconde variait sur l’intensité du feedback. Les résultats montrent que les enfants autistes n’ont pas bénéficié d’une hausse de la rétroaction, alors que celle-ci semble profiter aux enfants typiques. En revanche, les enfants autistes ont montré un meilleur apprentissage de nouvelles catégories lorsqu’ils ont eu accès en cours d’apprentissage à un plus large éventail d’exemplaires de la catégorie (condition simultanée) par rapport à un apprentissage où le matériel est présenté de manière séquentielle / isolée, sans que cela ne fasse de différence pour les enfants typiques. Les résultats de cette étude suggèrent que les mécanismes d’apprentissage des enfants autistes diffèrent des enfants typiques et reposent davantage sur les processus perceptuels.