Alexia Royer

Étudiante au doctorat en microbiologie
Université de Sherbrooke

Publication primée : Clostridioides difficile S-Layer Protein A (SlpA) Serves as a General Phage Receptor

Publiée dans : ASM Microbiology Spectrum

Résumé

Les antibiotiques sont utilisés depuis plus de 80 ans dans le but de traiter les infections bactériennes. Cependant les bactéries ont développé une résistance à ces traitements, ce qui fait qu’elles sont aujourd’hui de plus en plus difficiles à éradiquer. Un des effets secondaires des antibiotiques, est qu’ils ont tendance à tuer un large spectre de bactéries, dont les « bonnes bactéries » importantes pour le bon fonctionnement du corps humain. Le déséquilibre bactérien engendré, nommé la dysbiose, va ouvrir la porte à des bactéries opportunistes comme Clostridioides difficile. Cette bactérie est la responsable numéro un de diarrhées sévères dans les pays industrialisées. L’infection étant aujourd’hui traitée via des antibiotiques, eux-mêmes responsables de l’infection, de nombreuses rechutes sont déclarées. Au sein d’un laboratoire, Alexia Royer et ses collaborateurs s’intéressent à une thérapie longtemps mise de côté, la phagothérapie. Il s’agit d’un traitement qui repose sur l’utilisation de virus tueurs de bactéries que l’on appelle des bactériophages ou phages. Ils sont présents naturellement dans l’environnement, et mènent une guerre contre les bactéries depuis des milliards d’années. L’avantage des phages, est qu’ils attaquent de manière très ciblée, et ils vont viser une espèce, voire une souche particulière contrairement aux antibiotiques. Ainsi, les phages pourraient être utilisés comme thérapie alternative ou complémentaire aux antibiotiques dans le but de traiter des patients en échec thérapeutique. Un patient présentant une infection bactérienne, va être colonisé par une ou plusieurs souches. Les bactériophages étant très spécifiques, il est très important d’administrer les phages les mieux adaptés, qui ciblent la ou les souches dont le patient est infecté. L’étape clé pour pouvoir mettre en place une phagothérapie, est de comprendre le mécanisme de reconnaissance de la bactérie par les phages. Pour qu’un phage attaque une bactérie et la tue, il doit d’abord la reconnaître en s’attachant à un récepteur à la surface de celle-ci. Grâce au génie génétique, les auteurs ont fait exprimer à la souche dépourvue de SlpA les différentes isoformes. Par des tests d’infection avec différents phages, il a été montré qu’ils reconnaissent une ou plusieurs isoformes de SlpA. L’équipe d’Alexia Royer a notamment identifié un domaine de SlpA, nommé D2, comme jouant un rôle dans la reconnaissance par certains phages. Ces données sont essentielles car elles permettront de choisir le ou les phages pour traiter les patients infectés par une souche particulière de C. difficile selon l’isoforme de SlpA présente à la surface. A terme, l’objectif est de créer aussi des phages à large spectre d’hôte en les modifiant génétiquement et de rendre ainsi la phagothérapie le traitement de demain.