À Québec, l’écoquartier la Cité Verte se chauffe à la biomasse. Il est la preuve qu’un système de chauffage qui repose sur la bioénergie, utilisant des résidus du secteur forestier (branches, houppiers, écorce, sciure…), est possible en milieu urbain. Pour atteindre les cibles établies par la Politique énergétique 2030 du gouvernement du Québec en matière de réduction de l’utilisation des produits pétroliers et des émissions de gaz à effet de serre, les municipalités doivent en effet se tourner vers les bioénergies. Pourtant, des projets comme celui de la Cité Verte restent rares, même dans les milieux ruraux avoisinant les ressources forestières.

Selon les travaux d’Évelyne Thiffault, professeure et chercheuse au Département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval, et de son équipe multidisciplinaire, l’utilisation de la biomasse forestière pour le chauffage n’a pas encore atteint son plein potentiel. La technologie est rentable et a fait ses preuves, mais la chaîne d’approvisionnement fait défaut. Il y a notamment un manque d’expertise et de connaissances non seulement pour assurer la qualité de la biomasse – par exemple, avoir le bon taux d’humidité –, mais aussi pour l’amener jusqu’à l’utilisateur.

L’équipe de recherche a donc conçu un outil diagnostique pour soutenir les projets de valorisation de la biomasse forestière, constituée de résidus de coupes forestières, des restes de scieries ou encore de résidus de construction. L’outil a été testé avec la Communauté métropolitaine de Québec : des décideurs peuvent analyser, par exemple, les impacts possibles du remplacement du système au mazout particulièrement polluant d’un aréna par différentes options de bioénergie, et ce, selon l’angle environnemental, économique et social.

Cet outil informe également les gestionnaires sur les avantages de la bioénergie, qui est la forme d’énergie renouvelable la plus polyvalente : elle peut être employée sous forme liquide pour le transport (biocarburant), ou sous forme gazeuse (biogaz) ou solide (copeaux) pour le chauffage. La conversion énergétique de la biomasse en chaleur est par ailleurs plus efficace que les autres sources d’énergie.

Évelyne Thiffault et ses collègues s’affairent maintenant à élaborer un autre outil qui permettra de comparer la bioénergie à d’autres énergies renouvelables.