Chercheur : 
Lafortune, David

Établissement : 
Université du Québec à Montréal (UQAM)

Année de concours : 
2021-2022

OBJECTIFS
Depuis les vingt dernières années, des chercheurs utilisent la réalité virtuelle (RV) pour évaluer et traiter plus efficacement plusieurs troubles mentaux (Freeman et al., 2017). Toutefois, la prise en charge des difficultés sexuelles demeure un domaine peu exploré par les recherches utilisant la RV. La présente étude-pilote porte sur l’aversion sexuelle (AS) ? soit l’expérience d’anxiété aiguë en contexte d’interactions sexuelles ? et vise à valider si la RV pourrait être un outil fiable pour évaluer et réduire la détresse psychologique associée à l’AS. L’approche théorique et technique privilégiée pour le projet repose sur les lignes directrices en matière d’évaluations et de traitements basés sur l’exposition en RV pour les troubles anxieux (Serrano et al., 2019).

MÉTHODOLOGIE
L’étude utilise une méthodologie quasi-expérimentale avec groupes indépendants.
Système: L’environnement virtuel comprendra la simulation visuelle d’une pièce avec un personnage en 3 dimensions: celui-ci sera photo-réaliste, présentera des caractéristiques de phénotype sexuel homme ou femme et sera animé pour démontrer des comportements érotiques. Un casque Oculus Rift sera utilisé pour l’immersion.
Participants et procédure: 90 personnes seront recrutées et réparties en trois groupes selon leur niveau d’AS (G1: AS forte, G2: AS modérée, G3: AS faible). L’expérimentation suivra une progression en cinq tâches pour les participants: (1) se familiariser avec l’équipement et l’environnement virtuel; (2) réaliser un exercice de relaxation en RV; (3) réaliser un test d’approche (Virtual Reality Behavior Avoidance Test, VR-BAT) pour évaluer leur réponse émotionnelle en fonction de leur proximité avec le personnage; (4) réaliser 8 essais d’exposition en présence du personnage; (5) compléter de nouveau un VR-BAT.
Mesures.
Pré-test: Les participants complèteront différents questionnaires mesurant leur niveau d’AS.
Durant l’immersion: Des mesures subjectives (Subjective Units of Discomfort scale) et physiologiques (rythme cardiaque et réponse électrodermale) de l’anxiété seront collectées.
Post-test: Une semaine et trois mois après l’expérimentation, les niveaux d’AS seront de nouveau mesurés.
Hypothèses de recherche: Durant le premier VR-BAT, l’intensité de la réponse émotionnelle sera associée aux scores aux échelles mesurant l’AS et augmentera de manière plus marquée chez le groupe 1, que le groupe 2 et 3. L’exposition répétée en RV améliorera les comportements d’approche entre le premier et le deuxième VR-BAT, avec des différences significatives entre les trois groupes. L’exposition répétée conduira à une diminution significative des indicateurs de détresse émotionnelle au fil des 8 essais d’exposition, ainsi qu’entre le pré et post test.
Analyses: Des analyses statistiques inférentielles seront réalisées (p.ex., régression logistique, ANCOVA).

CONTRIBUTION DE LA RECHERCHE
Ce projet représenterait la première étude visant à développer des outils assistés par la RV pour évaluer et traiter plus efficacement l’AS. La réalisation d’une telle étude pourrait également guider le développement d’interventions futures en RV pour d’autres difficultés sexuelles où l’anxiété est un facteur étiologique central (p.ex., trouble érectile, douleurs génito-pelviennes). Finalement, cette étude permettrait de mieux comprendre les mécanismes psychophysiologiques impliqués dans l’AS.