Responsable : 
Adriana Morales Perlaza

Établissement : 
Université de Montréal

Année de concours : 
2020-2021

Table des matières

  1. Résumé du projet

1. Résumé du projet

Au cours des vingt dernières années, les systèmes d’éducation ont été réformés par centaine à travers le monde, notamment au nom de l’excellence et de l’équité éducative. Dans de nombreux pays, l’équité s’est traduite par des politiques éducatives compensatoires visant à remédier aux situations injustes dans lesquelles se retrouvent certaines catégories d’élèves, comme les élèves en difficulté d’apprentissage et d’adaptation, les jeunes des milieux défavorisés et ceux d’immigration récente. Or, ces derniers, malgré les efforts politiques, continuent à avoir des résultats scolaires significativement plus bas et ont moins de chances d’accéder aux études supérieures. La volonté d’associer le rendement et l’excellence scolaire à davantage d’équité explique l’intérêt croissant des recherches à ce sujet depuis plusieurs années. Néanmoins, la recherche comparative de l’équité des systèmes éducatifs a été à plusieurs reprises basée sur des données quantitatives et sur des indicateurs sociodémographiques et institutionnels, laissant ainsi dans l’ombre d’importantes caractéristiques qui permettraient de comprendre l’origine des inégalités au sein des institutions scolaires et dans les salles de classe. Dès lors, ce projet propose d’examiner l’équité scolaire au niveau de la salle de classe dans une perspective qualitative et comparative dans deux contextes sociaux : au Québec et en Suisse. Ces deux contextes sont dits d’« accountability douce » en éducation. En effet, des recherches réalisées dans ces contextes ont montré que les épreuves externes (p. ex. les examens ministériels auprès des élèves) auraient des effets faibles sur les pratiques des enseignants. L’essentiel de l’activité évaluative se situe dans l’interaction entre enseignant et élèves, permettant ainsi aux enseignants d’avoir davantage de marge de manœuvre dans leurs pratiques évaluatives ; paradoxalement, ils se trouvent également soumis à une logique d’obligation de résultats et de concurrence. Dans une perspective sociologique interactionniste nous voulons : 1) analyser et comparer les points de vue des enseignants québécois et suisses portant sur les répercussions sociales de leurs pratiques d’évaluation ainsi que les liens qui peuvent exister entre ces conceptions et leurs histoires de vie professionnelle ; 2) comprendre le sens que les enseignants confèrent aux diverses conceptions de l’équité scolaire et leur encadrement institutionnel ; et, 3)  interroger ce que ces enseignants considèrent comme étant une évaluation équitable, notamment à travers l’analyse de leurs adaptations et arrangements évaluatifs pour être plus « équitables ». Pour réaliser les objectifs proposés, nous conduirons des entrevues en deux temps: une première entrevue portera sur le récit de vie professionnelle des enseignants et une deuxième entrevue semi-dirigée se penchera sur les conceptions de l’équité. Notre recherche se centrera sur les enseignants du secondaire, car c’est à ce niveau que l’évaluation  des apprentissages contient des enjeux sociaux importants, notamment dans l’orientation des populations scolaires de différentes filières postsecondaires. La différente gestion scolaire de ces systèmes fédéraux est au centre de la comparaison : la récente harmonisation de la gestion des systèmes éducatifs cantonaux en Suisse et l’autonomie provinciale du Québec nous éclaireront sur l’impact de l’encadrement institutionnel sur les pratiques et l’autonomie enseignante concernant l’évaluation des élèves.