Responsable : 
Victoria-Oana Lupascu

Établissement : 
Université de Montréal

Année de concours : 
2022-2023

Victoria-Oana Lupascu, responsable (Université de Montréal)

Philippe Depairon, citoyen

Secteurs de la recherche : Sciences humaines et sociales; Arts et lettres; Sciences naturelles et génie

Table des matières

  1. RÉSUMÉ DU PROJET

1. RÉSUMÉ DU PROJET

Montréal accueille des immigrants chinois depuis 1877. Comme l’a montré Denise Helly, les nombreuses vagues d’immigrants qui ont choisi Montréal comme lieu d’accueil ont été identifiées : ils sont venus d’emblée du Guangdong (ou Canton) et de Hong Kong, puis plus largement du Hebei et du Sichuan ainsi que de Taïwan. Les nombreuses institutions développées par ces nouveaux Canadiens leur ont permis de contourner les lois anti-Chinois et d’avoir accès à des services qui leur étaient auparavant refusés : pour ne nommer qu’eux, l’Hôpital Chinois, à des soins de santé, et les associations des familles, à des prêts et services bancaires. L’intégration des communautés chinoises de même que l’abolition des lois racistes de 1923 ont rendu moins grande la nécessité d’un lieu dans la ville qui rendrait possible l’accès à certains services de base. On notera ainsi l’émergence de plusieurs nouveaux quartiers chinois, notamment dans le coin de l’Université Concordia (aussi appelé « Nouveau Quartier chinois) ainsi qu’à Brossard. L’étalement de la communauté chinoise se combine l’isolation du Quartier chinois, notamment avec la destruction d’un de ses secteurs en 1973 au profit du complexe Guy-Favreau et de l’autoroute 440, ce qui résulte en un affaiblissement de la cohérence spatiale, sociale et patrimoniale du quartier. Synthétiquement, le Quartier chinois n’a jamais été une entité physique ou sociale stable : au contraire, elle est riche en soubresauts et en développements. Similairement, les perceptions de ce lieu emblématique de Montréal ont inévitablement changé. Avec les développements que l’on sait nombreux du quartier, comment ces perceptions ont-elles évolué, tant parmi les membres des habitants du quartier qu’ailleurs? Quelles sont les traces qui nous permettent de retrouver les dialogues (ou leurs tentatives) entre la communauté de ce quartier multiethnique et le Québec dans son ensemble? Ces questions nous semblent d’autant plus importantes au moment où la haine anti-asiatique se développe au regard de l’émergence de la COVID-19 et de la montée générale de la xénophobie, et il convient plus que jamais d’interroger l’histoire d’un quartier et des perceptions qu’il aura suscitées. En tirant partie d’une panoplie de sources tirées d’archives visuelles et textuelles ainsi que de sources orales, nous voulons dresser un histoire du quartier ainsi que de ses perceptions nuancée et multifacettes. En faisant entrer en dialogue les différents acteurs sociaux et sources avec lesquelles nous mèneront à bien notre recherche, nous voulons interroger certaines absences dans l’écriture de l’histoire de la Ville comme de la province. Nous voulons montrer non seulement les stratégies qu’ont déployées les immigrant.es chinois.es afin de contourner les barrières systémiques dressées contre eux, mais également la résilience de cette communauté pour protéger son patrimoine qui fait, en vérité, également partie de l’ensemble du Québec.

Appel à proposition