Chercheur : 
Philippe-Aubert Gauthier

Établissement : 
Université du Québec à Montréal (UQAM)

Année de concours : 
2022-2023

Les images habitent nos vies, nos médias. Portées et fabriquées par les technologies, elles influencent nos cultures et nos sociétés. Mais cette relation n’est pas à sens unique. Cultures, sociétés et politiques façonnent aussi les images tout autant que les technologies qui les portent. Les images de notre quotidien vivent un profond changement : nous avons vu naître l’image de synthèse (Computer-Generated Imagery, CGI) qui se substitue progressivement à l’image filmée. L’image de synthèse découle entièrement d’un calcul informatique, d’une simulation d’un espace et de sa lumière. On remarque un aspect récurrent de ces images omniprésentes : l’utilisation d’un seul et unique type de point de vue, celui de la caméra. Pourtant, la caméra est étrangère au monde de la synthèse. Provenant d’un mimétisme fondé sur la caméra optique, c’est-à-dire, réelle avec lentille, boitier, la caméra en image de synthèse n’est qu’imitation. Tant d’autres points de vue et façons de calculer l’image de synthèse pourraient exister. Où sont ces points de vue diversifiés ? Que voient-ils ? La problématique de recherche-création est donc : comment créer de nouvelles images et esthétiques dans la tradition réaliste mais dont le point de vue serait inspiré non plus de la caméra, mais d’objets quelconques comme capteurs de lumière dans les algorithmes de l’image de synthèse : une vision du plus qu’humain. L’hypothèse de travail est fondée sur l’utilisation des objets virtuels comme capteurs de lumière dans ce monde de synthèse en guise de remplacement du point de vue de la caméra virtuelle. En terme technique, ce sera le »baking» (ou pré-rendu) qui sera détourné pour calculer l’arrivée de la lumière virtuelle sur des objets qui se substitueront à la caméra. Devenant ainsi des objets photosensibles. Telle est la contribution nouvelle. Forte d’une expérience de plus de 10 ans en 3D et programmation du chercheur-créateur, cette contribution vise les thèmes du point de vue et de la remédiation technologique. De la première année naîtra un atelier participatif en collaboration avec un centre d’artistes pour porter notre réflexion à la communauté de pratique en vidéo et image de synthèse. Le but est d’influencer la communauté et de collecter les impressions des praticiens sur ces thèmes. De cela, nous produirons une première communication. La suite consistera en la recherche-création d’une œuvre-recherche produite par pré-rendus et sous diverses formes : images fixes, images en mouvement, images 360, etc., toutes distribuées sur différentes plateformes numériques avec mots-clics choisis. En guise de diffusion finale de l’œuvre-recherche, un système d’agrégation automatique de contenu rassemblera ces éléments. Le projet se termine avec un atelier participatif qui visera un transfert des acquis en recherche vers la communauté de pratique pour décloisonner la recherche universitaire et la contextualiser en relation avec la pratique. En fin de projet, deux publications savantes sont prévues. Grâce à ces différentes actions et valorisations les retombées seront : une influence nouvelle sur la communauté de pratique mais aussi académique, la formation de la future génération de créateur-chercheur et une visibilité en ligne de la créativité québécoise.