Chercheuse : 
Caccamo, Emmanuelle

Établissement : 
Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

Année de concours : 
2021-2022

Ce projet qui allie sémiotique et communication s’intéresse aux technologies « émergentes » en Occident, spécialisées dans la production de souvenirs et la « gestion » de la mémoire personnelle. Il se penche sur les nouvelles formes de médiation de la mémoire mobilisant différentes techniques numériques récentes, à savoir l’intelligence artificielle, la réalité « augmentée », la réalité virtuelle, les médias socionumériques et les objets connectés (internet des objets). Actuellement, en Occident, il existe en effet de nombreuses formes de médiation mnésiques mises en marché par des jeunes entreprises : ces dernières années ont par exemple vu apparaître des projets de « deep diaries », c’est-à-dire des « journaux intimes » composés par des intelligences artificielles à partir de données reliées à des individus, de « souvenirs » automatiquement constitués par les médias socionumériques (par ex. : Facebook 3D Memories), des photographies en réalité augmentée (par ex. : Memoirs, Lifeprint,Memories), des souvenirs de famille reconstitués en réalité virtuelle ou en hologramme (par ex. : 8i,Owlii), des objets connectés disposés dans l’environnement et destinés à enregistrer des souvenirs (par ex. : BabeEyes).

Une part de ce projet vise à 1) réaliser un travail de veille technologique, 2) effectuer un travail de typologisation et 3) constituer une archive numérique. Il s’applique à composer un corpus de formes technologiques (types) et d’occurrences (tokens) à l’heure où ce secteur de technologies émergentes évolue rapidement. D’autre part, ce projet consiste à rendre compte de manière inédite de l’évolution et des enjeux de la numérisation de la mémoire au 21e siècle, des nouvelles formes de médiation de la mémoire et de la manière dont les pratiques mémorielles sont informées par un nouveau secteur technologique. Mon projet consiste à mieux saisir l’objet à l’étude dans une réflexion plus large sur la matérialité et la technicité des pratiques mémorielles individuelles dans un contexte où la mémoire et les souvenirs font l’objet d’une marchandisation sans précédent. Le problème est de comprendre si, par rapport aux formes de numérisation antérieures de la mémoire, à l’exemple des premiers blogues tenant lieu de journaux intimes, mon corpus constitue un nouvel ensemble technique relevant d’un autre paradigme technologique. Il sera alors question d’évaluer de quelles manières les technologies émergentes de mon corpus prolongent ou non des trajectoires techniques connues, reprennent des formes de médiation de la mémoire plus anciennes. Il sera également question de comprendre de quelles façons elles renouvellent les enjeux et les problématiques en lien avec la médiation technique de la mémoire, en regard du contexte socioculturel (technique, social, politique, éthique et économique) et des imaginaires technoculturels qui les accompagnent.