Responsable : 
Rocheleau, Jean-Philippe

Année de concours : 
2021-2022

Borrelia burgdorferi, la bactérie responsable de la maladie de Lyme (LD), est maintenue dans la nature dans un cycle de transmission impliquant principalement la tique Ixodes scapularis et la souris à pattes blanches (Peromyscus leucopus). Les tiques, qui s’infectent lorsqu’elles prennent un repas de sang sur des souris porteuses de la bactérie, sont responsables de la transmission de B. burgdorferi à l’homme.
Diverses interventions environnementales ont été évaluées ces dernières années pour réduire l’incidence de la maladie de Lyme en Amérique du Nord. Jusqu’à présent, peu d’interventions ont démontré une efficacité durable tout en étant réalistes sur le plan opérationnel et applicables en santé publique. Nous avons récemment démontré que le traitement par appât des rongeurs sauvages par des médicaments acarides à usage vétérinaire de la famille des isoxazolines pouvait réduire le risque environnemental de maladie de Lyme en interférant avec le cycle de transmission de la bactérie. Ces médicaments agissent sur les tiques attachées. Par ailleurs, certaines entreprises privées d’horticulture aux États-Unis suggèrent que la chaux pourrait être un acaricide efficace pour diminuer la densité de tiques en quête sur les terrains péri-domestiques. À notre connaissance, cette hypothèse n’a jamais été évaluée de façon rigoureuse. Cependant, si cette hypothèse s’avérait valide, l’utilisation de chaux pourrait être un complément d’intervention environnementale agissant directement sur les tiques en quête dans les zones où son usage est approprié. Cette étude comporte donc deux volets : (1) le raffinement des méthodes de réduction du risque basées sur l’usage d’isoxazolines chez les rongeurs et visant les tiques attachées et (2) une évaluation pilote de l’efficacité de la chaux dolomitique comme acaricide en milieu naturel visant les tiques en quête.
Deux nouvelles isoxazolines, l’afoxolaner et le lotilaner, seront testées pour leur efficacité, leur toxicité et leur durée d’action chez la souris de laboratoire. L’effet de la chaux sur les tiques sera testé en appliquant différentes concentrations de chaux sur des quadrats recouverts d’extraits de sols naturels sur lesquels des tiques auront été déposées. Ces tiques seront collectées à différentes périodes de temps en passant une flanelle blanche sur les quadrats expérimentaux afin d’évaluer si le nombre de tiques en quête a été diminué par l’application de chaux.
Des résultats concluants offriraient les bases requises pour déployer une étude de terrain à plus large échelle. La confirmation d’une réduction du risque acarologique par le chaulage et la combinaison de cette stratégie avec d’autres méthode de réduction du risque à la source comme les appâts d’isoxazolines offrirait une gamme d’options innovantes et synergiques pour la prévention de la maladie de Lyme dans de nombreuses régions endémiques, au Canada et à l’international.