Responsable : 
Dominique Trottier

Établissement : 
Université du Québec en Outaouais (UQO)

Année de concours : 
2020-2021

Table des matières

  1. Résumé du projet

1. Résumé du projet

La coercition sexuelle réfère à l’usage de la contrainte afin d’obtenir un contact de nature sexuelle. Cette contrainte peut s’exprimer de façon explicite (p. ex. : force physique, menaces verbales) ou implicite et revêtir un caractère plus insidieux (p. ex. : intimidation, mensonge, chantage émotif). Historiquement, la coercition sexuelle a été étudiée selon deux perspectives théoriques. La perspective clinique s’est intéressée aux auteurs de coercition sexuelle afin d’établir les facteurs de risque liés au passage à l’acte, tandis que la perspective féministe s’est penchée sur l’étude des marqueurs socioculturels permettant l’émergence et le maintien de la coercition sexuelle. Malgré des différences conceptuelles notables, les deux perspectives théoriques suggèrent l’existence d’un lien étroit entre la coercition sexuelle et les attitudes favorisant la coercition sexuelle (AFCS). De telles attitudes réfèrent entre autres à l’adhésion aux mythes du viol, aux rôles traditionnels de genre, à l’acceptation de la violence dans les relations interpersonnelles et au sexisme hostile. Les travaux menés par notre équipe de recherche au cours des dernières années ont permis d’approfondir les connaissances liées à l’association entre certaines AFCS et la coercition sexuelle. Ces travaux ont entre autres permis d’identifier certaines lacunes quant aux connaissances actuelles dans le domaine et de mieux circonscrire les besoins en matière de recherches futures. Il a d’abord été possible de noter que la forte majorité des recherches sont campées dans une perspective hétéronormative. La problématique est généralement abordée sous l’angle de l’homme comme auteur de coercition sexuelle et de la femme comme victime. De plus, la vaste majorité des études s’intéresse uniquement aux personnes hétérosexuelles. Ensuite, les AFCS sont généralement évaluées à partir de questionnaires autorapportés, au sein desquels les items sont transparents et vulnérables à la désirabilité sociale. L’absence de contexte entourant les énoncés amène également à remettre en question la validité écologique des items. Finalement, la majorité des connaissances disponibles sur le sujet sont issues de recherches transversales, et offrent un portrait statique des variables à l’étude. Ce type de devis ne permet pas de déterminer si l’adhésion aux AFCS permet de prédire des comportements sexuels coercitifs futurs ou d’étudier l’expression des AFCS lors de situations données. La programmation de recherche faisant l’objet de la présente demande a donc pour but de pallier ces lacunes par l’entremise de trois études distinctes. Plus précisément, une série de trois protocoles aux devis longitudinaux (Étude 1) ou expérimentaux (Études 2 et 3) permettront a) d’étudier les manifestations des AFCS selon une perspective multiméthodes (c.-à-d. : en contexte, à travers le temps, implicite et explicite) ; b) de déterminer la façon dont le contexte et les caractéristiques individuelles dont le genre, le sexe  et l’orientation sexuelle contribuent à l’expression des AFCS et ; c) d’étudier l’apport des AFCS à l’explication des comportements sexuels coercitifs. En somme, la programmation proposée offrira plusieurs retombées d’envergure. Elle permettra d’étudier de manière novatrice l’expression des AFCS, contribuera à parfaire les connaissances quant au rôle des AFCS dans la coercition sexuelle et offrira des cibles concrètes en matière de prévention et d’intervention.