Les arrestations et la violence subies par les membres de leur entourage contribuent à détourner des personnes délinquantes de leur trajectoire criminelle, selon une étude de Yanick Charette, professeur à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval.

Yanick Charette a suivi le parcours d’une cohorte d’individus sur une période de sept ans en se servant de données policières de la ville de Chicago, et en croisant des informations sur les arrestations avec des renseignements sur la victimisation.

Les résultats montrent que le nombre d’arrestations et le fait d’avoir vu des membres de son réseau être victimes de violence par arme à feu réduisent la probabilité de continuer dans la voie de la délinquance et du crime. Le fait d’avoir été co-arrêté avec une personne victimisée par arme à feu diminue de 10 % la probabilité de poursuivre une trajectoire de délinquance.

Cette recherche ouvre d’intéressantes perspectives dans un contexte de hausse de la violence par arme à feu ces dernières années. Des contacts établis avec des organismes impliqués dans la prévention en cette matière à Montréal ouvrent la porte à la mise en place de projets d’intervention utilisant des stratégies de « dissuasion ciblée ».

Cette approche repose sur des rencontres avec plusieurs intervenants (policiers, procureurs, victimes, proches, membres de la communauté, intervenants sociaux, etc.). Elle vise à dissuader des individus ou des groupes de commettre des actes violents. La dissuasion passe par la présentation des éléments qui s’avèrent les plus efficaces pour détourner ces individus ou groupes de leur trajectoire, comme la crainte que les personnes délinquantes ou leur entourage soient victimes de violence ou d’être soi-même arrêté. L’intervention doit s’accompagner d’une communication sur les bénéfices à tirer du fait de ne pas commettre d’actes violents et d’informations quant à l’accessibilité aux programmes d’aide à l’emploi, de formation ou de soutien communautaire, par exemple.