Un grand nombre de ménages concentrent la majorité de leur capacité d’investissement dans un seul actif : un bien immobilier. Un tel manque de diversification a souvent été considéré comme risqué financièrement. Mais une récente étude de Sebastien Betermier, chercheur en finance à l’Université McGill, vient ébranler cette idée reçue.
La diversification représenterait l’outil par excellence pour gérer le risque financier. Un investisseur qui possède des actions dans différentes industries et dans plusieurs pays — en plus d’obligations et de biens immobiliers — risque moins de tout perdre que quelqu’un qui place tous ses avoirs dans un seul actif.
Cependant, le coût des maisons est si élevé actuellement que la plupart des ménages doivent forcément « concentrer » une grande part de leur fortune pour devenir propriétaire. Or, plusieurs se montrent prêts à prendre ce risque. Sebastien Betermier a souhaité comprendre ce qui se cache derrière ce choix.
Son équipe et lui ont combiné un modèle économique théorique de décisions d’investissement et l’analyse empirique de données américaines portant sur plus de 2000 ménages. Les résultats indiquent que le choix des ménages d’accorder une place prépondérante à l’immobilier dans leur portefeuille d’investissements tient notamment au fait que celui-ci joue pour eux le rôle d’un actif sans risque.
En effet, une fois achetée, on peut résider dans sa maison tout au long de sa vie, si on le souhaite. La maison offre l’opportunité de construire sa vie à l’intérieur de ses murs, tout en restant relativement à l’abri des fluctuations du marché immobilier, des bourses et de l’inflation. Que la valeur des maisons monte ou descende n’a pas énormément d’impact sur les propriétaires, à moins qu’ils veuillent vendre leur demeure. L’avantage tiré de cette assurance compte ainsi beaucoup plus que son effet négatif sur la diversification du portefeuille d’investissements.