Le Québec est la province canadienne qui règlemente le plus sévèrement l’usage du cannabis à des fins non médicales : âge légal de consommation fixé à 21 ans, utilisation interdite dans les lieux publics, restrictions sur les produits comestibles, etc. Ces décisions ont été prises pour protéger les jeunes cerveaux en développement, sur la base, notamment, de données scientifiques fournies par les professeurs Jean-François Bouchard, Maurice Ptito et Christian Casanova et d’autres collègues du Centre interdisciplinaire de recherche sur le cerveau et l’apprentissage (CIRCA) de l’Université de Montréal.

Comme il est très difficile d’étudier l’effet des composés chimiques du cannabis, les cannabinoïdes, sur le cerveau humain, l’équipe de recherche du CIRCA utilise des modèles expérimentaux animaux. Elle a démontré, par exemple, que les cannabinoïdes, lorsqu’ils activent certains récepteurs à la surface des cellules nerveuses – à la manière d’une clé dans une serrure –, modifient de façon importante la fonction visuelle et le développement des circuits nerveux des rongeurs et des primates.

Les travaux de ces scientifiques et d’autres équipes de recherche ont ainsi fourni plusieurs données expliquant certains effets néfastes de la consommation de cannabis pendant l’adolescence : risque accru de souffrir de certains troubles de l’humeur, de consommer d’autres drogues et de faire des psychoses. Cette drogue appauvrit également les fonctions cognitives, ce qui peut mener à des déficits d’apprentissage, d’attention, de mémoire et même d’intelligence globale…

Ces résultats, et bien d’autres, ont été utilisés par l’Association des psychiatres du Canada pour faire pression sur le gouvernement afin d’interdire la consommation de  cannabis aux moins de 21 ans, et de restreindre la quantité et la concentration de THC – principal composé psychoactif du cannabis – permises aux jeunes de 21 à 25 ans.

Les travaux du professeur Bouchard ont, par ailleurs, servi à monter des campagnes de sensibilisation ciblant les adolescents, mais aussi les femmes enceintes. Les fœtus et leur cerveau en plein déploiement sont particulièrement sensibles au cannabis consommé pendant la grossesse : ils peuvent développer des désordres comportementaux, mentaux et socioaffectifs.

En informant clairement la population, le gouvernement et les scientifiques espèrent, entre autres, diminuer les problèmes d’apprentissage scolaire liés à la consommation de cannabis.