Certaines bactéries du tube digestif pourraient augmenter l’efficacité de l’immunothérapie du cancer. Selon le Dr Bertrand Routy, oncologue et directeur du Laboratoire d’immunothérapie et d’oncomicrobiome du Centre de recherche du CHUM, la composition de notre microbiome intestinal définirait notre réponse à cette approche utilisée pour renforcer le système immunitaire et l’aider à attaquer les cellules cancéreuses.
L’immunothérapie permet de doubler l’espérance de vie dans le cas du poumon et du rein, notamment. Or, pour certains patients, cela ne fonctionne pas si bien. Intrigué, le Dr Routy a fouillé du côté de la matière fécale! Il a montré, dans une méta-analyse de 37 études avec 12 000 patients, que des antibiotiques pris avant de commencer l’immunothérapie changent le microbiome intestinal et augmentent le taux de mortalité du cancer.
La composition de notre microbiome intestinal définirait notre réponse à cette approche utilisée pour renforcer le système immunitaire.
Le médecin-chercheur a ensuite lancé une plateforme de recherche pour étudier le microbiome d’une centaine de patients atteints d’un cancer du poumon et entamant l’immunothérapie. Le spécialiste veut valider une signature de bactéries bénéfiques. En analysant les selles des malades, par des techniques de métagénomique entre autres, il a identifié des bactéries qui augmentent la réponse à l’immunothérapie.
Dans le cadre d’un autre projet – la première étude canadienne de greffe fécale en oncologie –, le Dr Bertrand Routy et ses collègues ont donné à 11 patients atteints d’un mélanome métastatique un cocktail de capsules de selles. Les résultats, quoique préliminaires, sont très encourageants.
L’oncologue croit donc que la composition du microbiome pourrait devenir un bioindicateur pour prédire la réponse à l’immunothérapie.
Il espère qu’il sera possible, d’ici 2-5 ans, de séquencer le microbiome intestinal de chaque patient pour savoir si ce dernier répondra positivement à la thérapie. Dans le cas contraire, on pourrait essayer d’enrichir le microbiome avec des prébiotiques, une diète personnalisée ou des capsules de bactéries intestinales.
Le Dr Routy rêve même de faire un jour de la bactério-prévention, c’est-à-dire de déterminer le risque qu’une personne développe un cancer par rapport à la composition de son microbiome… Pour prévenir au lieu de guérir.