Le changement climatique fait en sorte que plusieurs régions arides du globe recevront moins de précipitations au cours des prochaines décennies ou perdront davantage d’eau par évapotranspiration. Devant la raréfaction de l’eau disponible, la dynamique du fonctionnement de ces écosystèmes est appelée à évoluer. S’agit-il d’un changement continu ou abrupt ? Systémique ou spécifique ? Une équipe de chercheurs internationaux à laquelle a collaboré Vincent Maire, professeur en sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Trois-Rivières, a documenté ce processus d’adaptation. Leur découverte jette un nouvel éclairage sur la question et permet de cibler les écosystèmes en situation risquée.

Devant la raréfaction de l’eau disponible, la dynamique du fonctionnement de ces écosystèmes arides est appelée à évoluer.

De nombreuses données sont nécessaires pour caractériser un écosystème aride. Dans l’étude, vingt caractéristiques ont été considérées. Parmi elles, il y a les traits fonctionnels des plantes, dont Vincent Maire est un expert reconnu. Pour obtenir efficacement leur énergie par photosynthèse dans un environnement marqué par la sécheresse, les espèces végétales des milieux arides concentrent la teneur en azote dans leurs feuilles. Ce mécanisme a cependant ses limites; à partir d’un certain niveau d’aridité, les plantes modifient leur feuillage de manière à maintenir tant bien que mal leur photosynthèse.

Parmi les vingt caractéristiques étudiées, trois points de basculement ont été identifiés, correspondant respectivement à 54, 69 et 83 % de déficit en eau. Chaque fois qu’un de ces seuils est franchi, des changements surviennent dans l’écosystème aride et bouleversent son fonctionnement. Au-delà du troisième point, la couverture végétale disparaît et l’écosystème décline vers un état totalement désertique. D’ici 2100, les chercheurs estiment qu’entre 1,5 et 2 milliards de personnes seront affectées par ces enjeux. Au Canada, le nord du Yukon franchira un ou plusieurs points de basculement, privant ainsi ses habitants de services écosystémiques. Ces résultats pourraient aider les pouvoirs publics à identifier les endroits sur la planète qui s’approchent d’un point de basculement.