La détérioration du cartilage du genou constitue l’une des pathologies articulaires les plus fréquentes qui apparaît avec le vieillissement. On estime que l’arthrose du genou touchera deux Canadiens ou Canadiennes âgés de 55 à 64 ans sur trois dès 2026. À l’heure actuelle, l’absence de corrélation directe entre les symptômes ressentis par la personne et le diagnostic conventionnel posé par le professionnel ou la professionnelle de la santé rend le traitement de la maladie difficile. Mais il y a un espoir. La genougraphie, une innovation rendue possible grâce à la technologie KneeKG™, permet d’évaluer avec précision et en temps réel la biomécanique du genou. Inventée par une équipe de recherche de l’École de technologie supérieure (ÉTS), du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et de l’Université TÉLUQ à la suite d’un travail de collaboration d’une vingtaine d’années, cette innovation aide les médecins à traiter les causes fonctionnelles de la douleur au genou, explique Nicola Hagemeister, professeure au Département de génie des systèmes de l’ÉTS.

Avec ses collègues du CHUM et de l’Université TÉLUQ, la chercheuse a suivi pendant six mois 449 Québécois et Québécoises souffrant d’arthrose du genou. Comparativement au groupe contrôle, qui était soigné selon la pratique médicale courante, les personnes dont la prise en charge était basée sur la genougraphie comme outil diagnostique ont rapporté des douleurs moindres, et une amélioration de leur qualité de vie et de leur capacité à réaliser des activités de la vie quotidienne grâce à des soins personnalisés visant à traiter les causes mécaniques de leur douleur. Mieux encore : elles ont été beaucoup plus nombreuses à adhérer à un programme d’exercices à la maison.

Pris dans leur ensemble, ces résultats ouvrent la porte à l’implantation de la genougraphie dans le réseau public de la santé, un scénario à l’étude au sein du Groupe de médecine familiale Charles-Le Moyne et de l’hôpital Jean-Talon. Grâce à cette nouvelle technologie, commercialisée par l’entreprise montréalaise Emovi dans des hôpitaux et cliniques répartis dans huit pays, dont le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, les patients comprennent mieux leurs symptômes et se prennent davantage en charge, ce qui a pour effet de retarder ou même d’éviter des interventions chirurgicales inutiles et coûteuses. En outre, l’amélioration de leur bien-être global se traduit par une augmentation de leur productivité individuelle ainsi que par une baisse probable des dépenses privées et publiques dues à cette maladie – des données socio-économiques collectées durant l’étude sont en cours d’analyse.