Les populations à la marge comprennent mieux que quiconque la pauvreté et l’exclusion sociale : elles en sont les principales victimes. Pourtant, ces communautés sont souvent exclues du processus d’élaboration de projets qui les concernent au premier chef. Depuis 2007, l’organisme sans but lucratif Parole d’excluEs a mis au point une démarche participative dans le cadre de laquelle les milieux communautaires, sociaux et universitaires coconstruisent des projets collectifs concrets et tangibles dans trois secteurs défavorisés de Montréal. Au cœur de cette approche, l’engagement d’Isabel Heck, responsable du secteur recherche chez Parole d’excluEs, et de ses collègues du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) de l’Université du Québec à Montréal.
Les scientifiques impliqués dans l’Incubateur universitaire de Parole d’excluEs (IUPE) ont contribué, en étroite collaboration avec les citoyens, les citoyennes, les praticiens et les praticiennes, au développement d’innovations sociales qui tiennent compte de la complexité des enjeux vécus sur le terrain. Ainsi, en novembre 2015, à la suite de l’assemblée de présentation d’une étude sur les problèmes d’accès aux services de santé, des groupes de travail regroupant toutes ces parties prenantes ont été créés pour développer un projet en matière de santé de proximité. L’Espace santé citoyen, qui a été fondé dans la foulée, offre aujourd’hui l’accès à des professionnels de la santé, des ateliers de littératie et des groupes d’entraide qui répondent à plusieurs des enjeux d’accès identifiés en amont.
Les personnes issues de ces milieux défavorisés sont les premiers bénéficiaires des transformations qui découlent de l’engagement de l’IUPE. Leur implication à toutes les étapes de la recherche-action facilite grandement l’appropriation des résultats qui en découlent. Au fil des années, l’IUPE a multiplié les formations dispensées dans des milieux communautaires et éducatifs. Plus d’une vingtaine d’universitaires de différentes institutions du Québec et de l’Europe y ont d’ailleurs été formés au cours des six dernières années. Son rayonnement déborde les frontières du Québec; Parole d’excluEs et l’IUPE ont accueilli pour des visites sur le terrain des délégations institutionnelles, communautaires et universitaires venues de nombreux pays, dont la France, la Suisse, l’Espagne, la Corée du Sud et le Mexique.