Chercheuse :
Zdebik, Magdalena
Établissement :
Université du Québec en Outaouais (UQO)
Année de concours :
2021-2022
La vie quotidienne est pleine de situations incertaines, surtout de nos jours dû à la pandémie globale. L’incapacité à faire face à l’incertitude augmente les inquiétudes constantes, et le risque de développer un trouble d’anxiété généralisée (TAG). Le TAG est le trouble anxieux le plus répandu, mais également sous-traité et apparaît durant l’adolescence et chez les jeunes adultes. Identifier les facteurs de risques développementaux associés au TAG aiderait à la compréhension théorique de l’étiologie de ce trouble, et contribuerait aussi à diminuer le risque de le développer.
L’intolérance à l’incertitude (II), une tendance à réagir négativement à des situations ou à des évènements incertains, a étroitement été associée aux TAG. L’II agirait comme un filtre cognitif dans des situations ambiguës, menant à des interprétations négatives et c’est une composante centrale dans le modèle théorique du TAG. Il a été suggéré que ce «filtre» peut se développer tôt dans l’enfance et ceci pourrait avoir un impact négatif sur un individu tout au long de sa vie.
Deux facteurs précoces ont été identifiés comme contribuant à l’II: le tempérament de l’enfant, plus précisément l’inhibition comportementale (IC) et la qualité de la relation d’attachement entre l’enfant et son parent. Un attachement insécurisé caractérisé par des réponses parentales imprévisibles et incohérentes augmente le sentiment d’incertitude dans la relation parent-enfant. L’IC, tant qu’à elle, est une prédisposition à se retirer face à la l’incertitude, et de réagir de façon prononcée et négative envers des stimuli nouveaux ou ambigus. Ainsi, la réactivité physiologique accrue face à la nouveauté, pourrait constituer un risque développemental important au TAG. Cependant, ce ne sont pas tous les enfants inhibés ou qui ont un attachement insécurisé qui sont intolérants à l’incertitude ou qui développent un TAG. L’accumulation d’évènements de vie stressants peut augmenter le risque de développer un problème de santé mentale, incluant un TAG. Il serait donc important de prendre en compte l’influence longitudinale du stress lorsque nous étudions le TAG.
L’objectif principal du projet est d’examiner les facteurs individuels, familiaux, et psychosociaux longitudinaux qui contribuent au développement du TAG chez les adolescents et les jeunes adultes. Plus précisément, comment est-ce que le tempérament, l’attachement et le stress influencent l’II et par conséquent contribuent au développement du TAG ? Comment un stresseur extrême tel que la pandémie globale, impacte les niveaux d’II et de TAG ? Ce projet sera réalisée à partir d’analyses secondaires des données de deux cohortes longitudinales populationnelles québécoises, et d’une nouvelle collecte de données nous donnant la possibilité d’étudier les effet de la pandémie et éventuellement le retour à la normale sur l’II et le TAG.
À notre connaissance, ce projet sera le premier à examiner de manière prospective le développement du TAG chez les jeunes, en considérant le tempérament, l’attachement et le stress au cours de la vie. Ce sera un des rares projets à étudier l’étiologie du TAG de façon longitudinale et ce dans des cohortes de la population générale permettant ainsi une compréhension approfondie du développement du TAG.