Responsable :
Pierre-André Hudon
Établissement :
Université Laval
Année de concours :
2020-2021
Table des matières
1. Résumé du projet
Le courant dominant en gestion de projets est l’approche systémique, qui voit la réalisation des projets comme le résultat d’une transformation d’intrants (ressources) en extrants (résultats) par le biais de processus d’initiation, de planification, de réalisation, de contrôle et de clôture prédéfinis. Dans la théorie de la gestion de projets, la définition des objectifs et des modalités de mise en œuvre est ainsi souvent réduite à un processus simpliste et lisse de consultation débouchant de manière consensuelle sur une série d’exigences.
Or, nous avançons que cette manière de voir le développement des projets est myope, voire aveugle, à la façon réelle dont naissent les grands projets d’infrastructures publiques (ponts, routes, réseaux de transports collectifs, hôpitaux, aéroports, etc.). Dans ces derniers, la définition des objectifs et des modalités de réalisation fait en effet rarement consensus et est souvent soumise de jeux de pouvoirs importants. Par exemple, l’analyse du débat autour de l’emplacement du futur CHUM a révélé une multiplicité d’intérêts de la part des acteurs politiques, ainsi que des alliances qui allaient bien au-delà de la simple rationalité économique.
En parallèle à ces préoccupations théoriques, un questionnement pratique existe aussi : alors que les déficits d’infrastructures sont chose notoire et que les grands chantiers se multiplient, au Québec comme ailleurs, comment peut-on mieux comprendre et améliorer la gouvernance de ces projets ?
Pour apporter un nouvel éclairage sur cette situation, nous puiserons dans la théorie des politiques publiques, qui semble tout indiquée pour servir d’assise à notre recherche. Nous partons de l’hypothèse que les grands projets d’infrastructure ont beaucoup en commun avec les politiques publiques : ce sont des solutions contingentes, dont les objectifs et la forme finale dépendra d’une multiplicité de facteurs financiers, sociaux, politiques, légaux, techniques, etc. Les nombreux acteurs impliqués tentent d’influencer la finalité de projets en usant, certes de leur légitimité professionnelle (rationnelle), mais également de leur pouvoir politique et de leur capacité à former des alliances. Les grands projets d’infrastructures publiques sont donc, en quelque sorte, des politiques publiques incarnées, que l’on peut analyser avec les mêmes outils. Une conceptualisation théorique en particulier, l’Advocacy Coalition Framework (ACF), permet d’observer la formation d’alliances visant à influencer les décisions liées aux politiques publiques.
Les objectifs de ce projet de recherche sont donc de :
- Revisiter l’ACF et, notamment, les notions de sous-systèmes de politiques publiques et de coalitions d’intérêts afin de vérifier si ce cadre peut être utilisé pour comprendre les dynamiques des acteurs affectant la planification des grands projets d’infrastructures.
- Tester les intuitions théoriques provenant de l’ACF à partir de données empiriques provenant de deux projets récents dans la ré gion de Québec : 1) le Réseau de transport structurant (RTS) incluant le tramway et 2) nouveau complexe hospitalier (NCH) sur le site de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus.
- Construire un nouveau cadre théorique, inspiré du champ des politiques publiques, expliquant la dynamique politique des acteurs dans la planification et la définition des grands projets d’infrastructures.
- Adapter les enseignements de la théorie des politiques publiques dans la discipline de la gestion de projets.