Responsable :
Katherine Maurer
Établissement :
Université McGill
Année de concours :
2020-2021
Table des matières
1. Résumé du projet
Au cours des 50 dernières années, les réponses sociales et pénales à la violence conjugale (VPI) ont considérablement changé partout en Amérique du Nord. Pourtant, les nombreuses formes de VPI – émotionnelle, physique, sexuelle – sont encore omniprésentes. Au Québec, entre 2010 et 2015, 159 804 résidents ont déclaré avoir subi de la VPI (Ministère de la sécurité publique, 2017). Cependant, la recherche indique que l’étendue réelle de la VPI peut être sous-estimée en raison du nombre d’incidents non déclarés (Burczycka et Conroy, 2018). Bien que la meilleure intervention soit la prévention, les approches d’intervention après perpétration de VPI ont également évolué. La recherche sur la violence familiale a montré que de nombreuses personnes qui commettent des actes de violence familiale en ont également été victimes pendant l’enfance (transmission intergénérationnelle ; e.g., Roberts et al., 2011). La recherche sur les effets à vie des victimes de violence a amené les fournisseurs de services à intégrer une perspective de trauma complexe pour mieux comprendre et traiter la perpétration de violence conjugale. Cette approche est fortement influencée par la recherche en neurosciences sur la physiologie du stress, qui explique comment les événements stressants de l’enfance, comme la violence familiale, affectent le comportement des adultes lorsqu’ils vivent du stress, ce qui mène à l’agressivité et à la perpétration de violence (e.g., Berthelot et al., 2014). Les interventions axées sur le trauma complexe mettent l’accent sur l’interaction entre les trois composantes de la réaction au stress – la régulation d’affect, les émotions et la cognition – pour changer des comportements comme la perpétration de VPI.
Le présent projet propose un modèle exploratoire séquentiel de méthodes mixtes pour évaluer les changements de capacité de régulation d’affect, cognition et comportements liés à la perpétration de VPI, après une intervention de 15 semaines axée sur le trauma complexe. Des données quantitatives pré- et post-intervention seront recueillies auprès d’environ 125 utilisateurs et utilisatrices de services d’une clinique de violence conjugale du Québec, y compris des mesures de capacité de régulation d’affect, lésions cérébrales traumatiques, adaptabilité au changement et réactivité au stress. Les données d’évaluation initiale de la clinique comprennent les raisons de la demande de services, les antécédents familiaux de traumatisme, la qualité des relations interpersonnelles, etc. En plus des mesures immédiates du changement post-interventionnel, 75 participants seront recrutés pour une étude de suivi de 12 mois pendant laquelle les mesures susmentionnées seront administrées tous les 3 mois afin d’évaluer les effets longitudinaux de l’intervention sur l’affect, la cognition et le comportement. De plus, 10 participants seront invités au hasard à compléter une entrevue phénoménologique qualitative décrivant leur capacité à réguler affect et comportement liés à la perpétration de VPI pour approfondir notre compréhension de leurs expériences. Les résultats de l’étude éclaireront les pratiques de traitement à la clinique et apporteront une contribution précieuse à notre connaissance de l’efficacité des approches axées sur le trauma complexe, pour modifier longitudinalement les comportements des auteurs de VPI. Nous rassemblerons et diffuserons publiquement un manuel bilingue documentant l’intervention.