Responsable :
Sofiane Baba
Établissement :
Université de Sherbrooke
Année de concours :
2020-2021
Table des matières
1. Résumé du projet
Durant les deux dernières décennies, de nouvelles formes organisationnelles (désormais NFO) ont pris un essor considérable dans un monde en mutation. Les organisations hybrides qui combinent désormais plusieurs objectifs simultanés, les organisations virtuelles ou encore l’entreprise privée en sont de bons exemples. C’est dire que les NFO sont omniprésentes dans nos sociétés, prenant néanmoins diverses formes au fil du temps. Si nombre d’éléments peuvent distinguer ces différentes NFO, elles partagent toutefois en commun la difficulté de se faire accepter car elles font souvent face à une résistance au changement. Cette résistance peut aller de la controverse sociale à la stigmatisation. Ainsi, du fait de leur impact sur les arrangements institutionnels existants, ces NFO ont besoin de développer leur légitimité pour être considérées comme étant appropriées, acceptables, voire souhaitables.
Si les études sur les processus de légitimation foisonnent, nous en savons encore très peu sur la légitimation de NFO dans un champ institutionnel politisé où s’affrontent divers acteurs dotés d’un pouvoir élevé quant à l’avenir de ces NFO. De plus, les universitaires ont surtout focalisé sur les conséquences de la stigmatisation, mais ont « rarement considéré les processus de déstigmatisation » (Hampel & Tracey, 2017: 2178). À l’intersection des littératures sur la stigmatisation et la légitimité, cette recherche vise à combler ces lacunes en se donnant comme objectif de mieux comprendre comment de NFO stigmatisées deviennent légitimes. Cet objectif se déclinera en deux sous-questions de recherche complémentaires :
- Quels sont les processus et dynamiques opposés et parallèles de stigmatisation et de légitimation d’une NFO dans un champ institutionnel politisé ?
- Quelles stratégies peuvent être mobilisées par une organisation pour légitimer une NFO historiquement stigmatisée ?
Pour répondre à ces questions, cette recherche exploratoire favorise une méthodologie qualitative.
Cette recherche analyse ainsi la légitimation de l’entrepreneuriat privé comme NFO en Algérie entre 1998-2019 à partir d’un cas révélateur (Cévital). Ce cas est pertinent car le capitalisme et la liberté d’entreprise, phénomènes plutôt récents en Algérie, ont connu des niveaux de stigmatisation et de légitimation contrastées depuis 1962, date d’indépendance du pays. Si cette NFO est aujourd’hui plus légitime qu’auparavant, elle demeure constamment au cœur de débats sociaux et politiques. Plus précisément, cette recherche se base sur un cas enchâssé avec deux unités d’analyse. La première unité d’analyse (macro) est celle de l’entreprise privée en Algérie sur la période 1962 à 2019 (de l’indépendance du pays lorsque le socialisme a été adopté, à aujourd’hui). Cette unité permettra d’étudier le premier objectif de recherche visant à identifier les processus de légitimation des NFO en contexte institutionnel politisé. Il s’agira ici d’examiner précisément les stratégies discursives (concomitantes) de légitimation et de stigmatisation de la part des diverses audiences. La seconde unité d’analyse (méso) est celle du rôle de l’entreprise Cévital, en tant que figure du capitalisme algérien, dans la légitimation de cette NFO entre 1998 et 2019. Cette unité d’analyse servira au deuxième objectif de la recherche, cherchant à comprendre les stratégies employées par une organisation pour légitimer une NFO stigmatisée.