Chercheur :
Wesley, Bernabé
Établissement :
Université de Montréal
Année de concours :
2021-2022
Nous nous proposons d’analyser les modalités de mise en texte de l’amnésie collective dans le roman français de la seconde moitié du XXe siècle (1940-1980). Au cours de cette période, une part significative de la prose narrative hexagonale évoque en effet des épisodes historiques qui, méconnus, traumatiques ou embarrassants, se situent à la marge du récit national. Les romans représentent en priorité des zones d’ombre de la mémoire collective et consacrent des figures anonymes. Ils perturbent les chronologies établies et convoquent les discours de l’histoire officielle dans des reformulations discursives complexes et des déformations parodiques dont la portée critique révèle les réécritures et les effacements qui décident du passé. Déplacées dans la sphère de la fiction, ces oblitérations composent une mémoire des oublis de l’histoire. Les romanciers en tirent des motifs spectraux et des récits dont l’intrigue est elle-même elliptique, tronquée ou située dans un espace fictionnel qui réinvente les trous de la mémoire collective sur un plan imaginaire. En parallèle, ils convoquent des savoirs étrangers à l’histoire qui participent d’une réflexion d’ordre historiographique. Dans une perspective sociocritique, ce projet dressera une typologie des faits de langue relatifs à l’oubli et se demandera comment ils entrent en interaction avec une amnésie collective dont les représentations varient au gré de la conjoncture historique (1940-1980).