J’espère que votre moral tient le coup en dépit de cette trop longue pandémie. Je dois dire que j’ai été très impressionné par l’ensemble de la communauté scientifique durant la dernière année. Vous avez tous et toutes fait preuve de beaucoup de résilience et je vous en remercie. La crise sanitaire est difficile pour nous tous. La relève et les professeures-chercheuses sont particulièrement affectées.

Dès mars 2020, les Fonds de recherche du Québec (FRQ) ont très rapidement pris diverses mesures pour diminuer les effets de la pandémie au sein de leurs communautés, avec, par exemple, l’ajout d’une année de financement à tous les regroupements, réseaux, centres et instituts. Qu’on pense aussi à l’attribution récente de ressources financières de 1,8M$ en vue d’offrir des sessions additionnelles à près de 220 boursiers et boursières qui devaient terminer leurs études, mais qui ont été ralentis par la crise sanitaire, ou à l’aide en ressource destinée aux nouveaux chercheurs et nouvelles chercheuses.

Nous avons aussi appuyé plusieurs projets de recherche en lien direct avec la pandémie. Mentionnons ici, à titre d’exemples : la création de la Biobanque québécoise de la COVID-19 et du Réseau Québécois COVID – Pandémie en 2020. Plus récemment, le projet CentrEau-COVID : Dépistage de la COVID-19 dans les eaux usées comme outil de vigie et de gestion – pour détecter précocement les fluctuations de la charge virale dans nos communautés; le projet d’Observatoire sur l’éducation et la santé des enfants qui permettra de mieux comprendre les répercussions de la pandémie afin d’éclairer la prise de décision pour assurer l’éducation et la santé des enfants; un projet sur les impacts à long terme de la COVID-19 sur la santé physique et psychologique; des projets en lien avec les groupes les plus affectés par l’exposition au virus, y compris les personnes âgées; plusieurs programmes ou projets en partenariat avec notre ministère, le ministère de l’Économie et de l’Innovation, et le ministère de la Santé et des Services sociaux; et enfin le nouveau programme Impulsion pour contribuer à la relance économique post-pandémie du Québec.

Toutefois, nous sommes bien conscients que les effets de la crise sanitaire sur notre communauté se feront sentir aussi à long terme. À cet égard, nous sommes en discussion avec les autorités gouvernementales sur ce sujet.

Un appel à la communauté scientifique

Parallèlement à la gestion des impacts de la pandémie, nous nous occupons activement de plusieurs autres dossiers importants. Mentionnons ici la future Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation (SQRI), celle sur les sciences de la vie (SQSV) et tous les travaux en lien avec l’ambitieux projet des zones d’innovation du gouvernement. Je participe à l’élaboration de la SQRI comme membre du nouveau Conseil de l’innovation, et suis un partenaire et collaborateur de l’Innovateur en chef. J’espère que plusieurs d’entre vous ont pris le temps de soumettre un mémoire dans le cadre de la consultation en cours sur la Stratégie. Il est essentiel que la communauté académique se prononce haut et fort sur l’importance d’assurer un financement bonifié et à long terme de la recherche fondamentale et non dirigée, et ce, dans tous les secteurs du savoir.

La recherche et la science doivent être perçues comme des solutions à une reprise économique rapide post-pandémie. Plusieurs pays et régions (États-Unis, Europe, Angleterre, Irlande, Corée du Sud, Suisse, etc.) ont clairement indiqué qu’ils augmenteront de manière substantielle les budgets alloués à la recherche fondamentale afin d’assurer le développement d’une société plus innovante, mais aussi plus équitable. Ici, la recherche fondamentale sera un des atouts, sinon la carte maîtresse. Il importe que vous vous exprimiez sur la future SQRI, car les demandes de soutien financier auprès du gouvernement seront énormes en post-pandémie. Le Québec risque de perdre beaucoup si l’on ne peut assurer le maintien et préférablement l’augmentation de nos capacités en recherche non dirigée, et ce, dans tous les secteurs et disciplines scientifiques.

Planifications stratégiques des FRQ

En étroite collaboration avec les membres de nos trois conseils d’administration, nous entamons les travaux et consultations sur les plans stratégiques 2022-2027 des FRQ. Nous espérons que vous y participerez activement, que ce soit en lien avec nos programmes de relève, avec nos programmes d’appui aux regroupements et équipes de recherche, avec ceux visant les grands défis de société, ou encore, les plus récents tels Audace (intersectorialité), Engagement (sciences participatives), Dialogue (science et société), Prisme (art et sciences) et Impulsion (relance économique). Nos nouveaux plans stratégiques constitueront aussi l’occasion de bonifier et de démontrer le leadership des FRQ en lien avec tout ce qui touche l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI), le libre accès aux publications scientifiques et la science ouverte, et les grands objectifs de développement durable (ODD). Nous achevons d’ailleurs la rédaction de notre stratégie EDI, avec un lancement prévu cet été. De plus, lors des séances d’avril, les trois conseils d’administration ont approuvé l’adhésion des FRQ à la Coalition S sur le libre accès. Enfin, une journée de réflexion sur les ODD est prévue vers la fin juin. Nous vous informerons davantage d’ici peu afin de nous assurer de votre implication active et de la prise en compte en temps réel de vos commentaires et suggestions. Il est clair que l’implantation de ces nouvelles orientations exigera de la flexibilité et du temps de notre part.

Par ailleurs, le rapport du Comité sur l’université du futur, que j’ai eu le plaisir de présider, a été rendu public en février dernier par la ministre de l’Enseignement supérieur. Nous procédons actuellement aux travaux du comité de suivis de la ministre. Je suis déjà heureux de constater que plusieurs des recommandations du Comité devraient être actualisées au cours des deux prochaines années; certaines auront des impacts positifs sur nos établissements d’enseignement supérieur.

En terminant, je mentionnerai trois autres dossiers importants pour moi : la recherche en français, la désinformation, et la diplomatie et le conseil scientifique. D’abord, les FRQ viennent tout juste de lancer un nouveau programme de reconnaissance mensuelle des publications en français, soit le prix Publication en français Gisèle-Lamoureux du FRQNT, le prix Publication en français Alice-Girard du FRQS et le prix Publication en français Louise-Dandurand du FRQSC. Je suis particulièrement reconnaissant à la famille de Louise Dandurand d’avoir accepté d’associer son nom au prix du FRQSC; elle a dirigé ce Fonds pendant plusieurs années, en plus de faire partie de mon comité de Sages.

Par ailleurs, la désinformation fait partie de notre paysage médiatique depuis longtemps, mais elle a été exacerbée avec le développement des réseaux sociaux et plus récemment avec la pandémie. Nous avons récemment organisé un panel de discussion sur ce sujet complexe et soumis un court sondage aux membres de la communauté scientifique dont les travaux sont en lien avec le phénomène de la désinformation, et ce, afin de nous aider à orienter notre action. Nous désirons appuyer des projets de recherche et de communication novateurs dans ce secteur. Il en va de la qualité de la communication scientifique, de l’engagement de nos chercheuses et chercheurs dans la sphère publique. Si vous avez d’autres idées et suggestions, n’hésitez pas à m’en faire part : nos actions futures doivent être basées sur des données probantes et sur la recherche… et non pas sur les prises de position des trop nombreux gérants d’estrade!

Enfin, pour tout ce qui touche la diplomatie et le conseil scientifiques, je vous invite personnellement au 4e Congrès de l’International Network for Government Science Advice (INGSA), que nous organisons et qui se tiendra en format hybride à Montréal du 29 août au 2 septembre prochain. L’événement est gratuit et nous avons déjà plus de 1 000 personnes inscrites. On vous y attend!