Les avancées scientifiques suscitent régulièrement des débats sociaux sur des sujets épineux comme la vaccination, les cellules souches, le don d’organes ou les transfusions sanguines qui peuvent devenir complexes à aborder en classe. Comment les enseignantes et les enseignants de biologie au collégial affrontent-ils ce défi?

Marie-Claude Bernard, chercheuse au Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval, a mené des discussions de groupe avec une dizaine de membres du personnel enseignant qui sont confrontés à cette question.

Plusieurs enseignantes et enseignants déplorent en premier lieu de manquer de temps pour aborder ces sujets dans les cours de sciences naturelles, en raison d’un programme déjà très chargé. Ces thèmes y seraient moins discutés que dans les cours de sciences humaines.

La chercheuse a par ailleurs relevé trois types de rapports au vivant parmi les personnes interrogées. Certaines affichent un rapport utilitariste, qui conçoit la nature comme une ressource à gérer en raison des bénéfices qu’elle apporte aux humains. D’autres se montrent plus interrogatrices. Elles n’hésitent pas à admettre qu’elles ne possèdent pas toutes les réponses et que ces thèmes suscitent des réflexions chez elles. Enfin, certaines font preuve d’une attitude conciliatrice, soutenant une vision plus respectueuse à l’égard des autres êtres vivants, qui valorise la biodiversité sans chercher à l’exploiter.

Le personnel enseignant balance aussi entre l’option d’afficher clairement sa propre position en classe (p. ex. : provaccins) ou celle de « rester neutre » et de laisser les étudiantes et les étudiants débattre. Le besoin de disposer de plus de formation initiale et continue et d’outils pédagogiques pour introduire et gérer ces polémiques délicates fait quant à lui l’unanimité.

Ces travaux font progresser les connaissances quant à un aspect de l’enseignement des sciences dont on discute trop peu au Québec, mais qui pose de véritables défis au personnel enseignant.

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