La bactérie salmonelle, plus particulièrement la Salmonella enterica, cause bien des maux de tête : elle est responsable de la salmonellose, une infection intestinale qui cause diarrhée, fièvre et vomissements, et qui peut entraîner une méningite ou une septicémie. Ce qui inquiète le plus, cependant, c’est que cette bactérie résiste parfois aux antimicrobiens. Cette préoccupation est particulièrement grave pour les troupeaux de bovins ou les élevages de volailles qu’on ne peut plus traiter avec des antibiotiques. Résultat : une perte de productivité et un risque de transmission élevée à l’être humain.

Jennifer Ronholm, professeure et chercheuse au Département de science des aliments et chimie agricole de l’Université McGill, a donc entrepris d’étudier cette bactérie de plus en plus résistante pour trouver d’autres moyens de la combattre. Son rêve : développer un probiotique spécifique à la salmonelle qui pourrait être ajouté à la nourriture des animaux et aux yogourts destinés aux humains, par exemple.

Dans ce but, la chercheuse tente de mieux comprendre les stratégies d’invasion de la salmonelle dans le microbiote animal et humain. En effet, la communauté scientifique a identifié il y a quelques années un système de sécrétion de protéines qui attaquent les bonnes bactéries intestinales. La salmonelle insère en quelque sorte une « aiguille » qui injecte des toxines aux bactéries qu’elle combat. Toutefois, quelques-unes de ces bonnes bactéries semblent avoir leur propre mécanisme de défense et de réplique, car certaines espèces animales et certains individus ne sont pas affectés par la salmonellose.

Jennifer Ronholm et son équipe ont donc exploré cette piste en infectant des souris avec la salmonelle. Certaines avaient un microbiote résistant et d’autres non. Ils tentent maintenant de décrypter comment des bactéries arrivent à repousser la salmonelle. Les analyses en cours font appel à différentes espèces de bonnes bactéries pour déterminer lesquelles résistent à différentes souches de salmonelle. À terme, la chercheuse espère pouvoir exploiter quelques bactéries anti-salmonelle pour fabriquer des probiotiques.