En salle d’opération, les médecins utilisent régulièrement des systèmes de navigation chirurgicale, une sorte de « Google Map » qui montre en temps réel le positionnement des instruments ainsi que les images de scan, d’échographies et de radiologie, pour aider les spécialistes à opérer des structures délicates, comme une tumeur cérébrale.

Comme l’écran du système se trouve à l’extérieur de la zone stérile de la table d’opération, les chirurgiens doivent rapidement faire basculer leur centre d’attention du patient à l’écran. Cet exercice a pour conséquences de ralentir la chirurgie, mais aussi d’augmenter la charge mentale de leurs tâches. Et si ajouter des sons au système pouvait aider les spécialistes à moins regarder l’écran et donc, à limiter les distractions ? Les travaux de Marta Kersten-Oertel, directrice du laboratoire de perception appliquée de l’Université Concordia, semblent montrer que c’est effectivement le cas.

En collaboration avec l’Institut-hôpital neurologique de Montréal (Neuro), la chercheuse a conçu un système intégrant six différents sons pour tester l’impact des signaux auditifs sur l’attention des médecins. Pendant le test, une quinzaine de spécialistes en neurologie ont simulé une opération guidée par imagerie seulement, par une combinaison images et sons, et par sons uniquement.

Les scientifiques ont d’abord testé la capacité des médecins à distinguer les sons du système des autres bruits de la salle d’opération. Ils ont ensuite analysé l’impact de l’information sonore – un genre de bip-bip qui s’accentue à l’approche de la cible – sur la précision du positionnement d’une sonde chirurgicale. Résultat : les médecins guidés par une combinaison sons et images sont les plus précis.

Mais l’ajout de sons augmente-t-il la charge cognitive? Pour le vérifier, la chercheuse et son équipe ont enregistré à l’aide d’électrodes l’activité cérébrale des spécialistes en train d’exécuter une tâche chirurgicale de précision.

Le recours aux sons seulement s’avère plus difficile à traiter pour le cerveau que la combinaison sons et images ou images seulement, qui ont le même impact. La chercheuse doit maintenant vérifier si le surplus de charge cognitive associé aux sons ne serait pas dû à la nouveauté de cette approche. Elle souhaite aussi tester l’impact de commandes vocales, comme ceux des GPS dans les automobiles.