Avant que la pandémie de COVID-19 ne les projette dans la lumière, les aides-soignantes[1] à domicile œuvraient dans l’ombre. Si précieuse soit-elle, leur contribution était souvent regardée de haut. Comment donnaient-elles un sens positif à leur travail?

Kirstie McAllum, chercheuse en communication organisationnelle à l’Université de Montréal, a exploré ce thème dans 38 entrevues conduites auprès d’aides-soignantes, de leurs proches et de gestionnaires.

L’impact des gestionnaires apparaît comme un facteur majeur. L’inclusion dans les décisions ou le développement des interventions des équipes de soins et la reconnaissance de leur contribution par la personne qui les supervise amènent les aides-soignantes à sentir qu’elles accomplissent un travail significatif.

Les proches jouent aussi un rôle important. Lorsqu’ils insistent trop sur les aspects difficiles ou perçus comme dégradants des tâches des aides-soignantes, celles-ci tendent à compenser en ne parlant que des côtés positifs de leur travail. Cela les prive cependant d’une occasion de se confier et d’obtenir du soutien.

D’autres éléments relevés au cours des entrevues concernent plutôt le rapport des aides-soignantes avec leur emploi. Ainsi, plusieurs jugent leur travail significatif en raison des compétences qu’elles développent sur le terrain, par exemple leur capacité à détecter des changements dans l’état de leurs patients. Elles affirment acquérir beaucoup de connaissances dans le cadre de leur emploi et construire des relations interpersonnelles enrichissantes avec les patients ou leurs proches. Elles sentent qu’elles contribuent à la qualité de vie des personnes qu’elles aident.

Étonnamment, le fait de subir des commentaires négatifs de la part des patients ou de leurs proches ne diminue pas le sens que les aides-soignantes accordent à leur travail. Elles attribuent plutôt ces difficultés à une perte d’autonomie des patients ou au stress vécu par leurs proches. De fait, leur capacité à gérer ces situations complexes renforce leur sentiment d’offrir une contribution significative.

[1] L’utilisation du féminin « aides-soignantes » a été préconisée dans le texte, car la quasi-totalité des personnes qui occupent ces emplois sont des femmes.