Les problèmes de santé mentale et la violence conjugale sont plus fréquents chez les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre, tout particulièrement chez les femmes. Une explication possible à cette plus grande vulnérabilité est que ces dernières souffrent de facteurs de stress qui leur sont spécifiques. Elles peuvent, par exemple, subir de la discrimination par rapport à leur identité sexuelle et de genre. Ces facteurs de stress peuvent aussi être endogènes, comme lorsqu’elles s’attendent à être stigmatisées sur la base de leur identité.

Robert-Paul Juster, professeur au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal, s’est intéressé à ces stress et à la victimisation conjugale chez cette population. Lui et Emma Fedele, alors étudiante à la maîtrise en criminologie, ont voulu éclaircir les liens entre les facteurs de stress dits « minoritaires », les différentes formes de violence conjugale et les problèmes de santé mentale, soit l’anxiété et la dépression, chez ces membres de la communauté LGBTQ+.

Pour ce faire, ils ont recruté 209 personnes québécoises et canadiennes qui s’identifient comme femme et qui rapportent avoir vécu des violences dans une relation intime avec une femme par le passé. Un questionnaire en ligne exhaustif leur a été distribué. Le recrutement s’est fait en pleine pandémie de COVID-19 par l’entremise d’organismes de défense des droits des femmes de la diversité sexuelle et de genre ainsi que par l’intermédiaire de réseaux sociaux.

Les données amassées révèlent que c’est surtout le fait de cultiver des sentiments négatifs quant à son appartenance à la diversité sexuelle qui est associé à des symptômes de dépression et d’anxiété. Cette relation subsiste en dépit de l’âge, de l’ethnie, de l’identité sexuelle et de genre, et de la victimisation. Avoir subi de la violence physique ne semble pas aggraver les problèmes de santé mentale, du moins dans cet échantillon. Ces résultats commandent des interventions pour briser le tabou de l’homophobie intériorisée chez les femmes de la diversité.