L’insertion socioprofessionnelle des personnes immigrantes demeure un défi au Québec. C’est pourquoi des organismes d’aide à l’emploi réalisent des interventions de groupe auprès de ces clientèles. Si l’on en sait beaucoup sur les retombées de telles initiatives, on méconnaît cependant les dynamiques qui les animent, par exemple en matière de relations entre les participants et les intervenants, ainsi que le contenu des trousses d’information qui y sont notamment remises. Pour Patricia Dionne, professeure au Département d’orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke, cette lacune constitue un angle mort de tels programmes.
La conseillère d’orientation et son équipe ont donc observé, pendant six mois, les activités d’un groupe d’insertion professionnelle réunissant principalement des personnes réfugiées faiblement scolarisées de l’Estrie. Vers la fin de cette période d’observation « maîtrisée » – l’équipe de recherche entretenait des relations privilégiées avec les 14 participants –, un entretien de groupe a été réalisé. Puis, des entretiens individuels ont été menés dans les trois mois suivant la fin de l’intervention de manière à documenter les trajectoires d’insertion socioprofessionnelle.
Résultats : la vaste majorité des personnes réfugiées se sont trouvé un emploi au terme de leur participation. Les programmes d’intervention permettent aux participants de réaliser des apprentissages qui leur sont ensuite utiles pour maîtriser les normes culturelles du pays d’accueil, et fournissent des moyens de soutenir leur insertion. Les personnes reçoivent également de l’aide pour comprendre une multitude de documents administratifs qu’elles et leurs familles doivent fréquemment remplir. Toutes ces mesures favorisent leur pouvoir d’agir et élargissent leurs opportunités réelles d’intégration socioprofessionnelle. Ces résultats engendrent des retombées sur les pratiques d’intervention auprès des clientèles concernées.