Quelque 90 % des personnes atteintes de fibromyalgie sont des femmes. Par ailleurs, comparativement aux hommes, les femmes sont deux fois plus susceptibles de souffrir de maux de tête et de migraines. Les hommes, quant à eux, se caractérisent par une hypersensibilité à une douleur ressentie une seconde fois dans un contexte identique. La science sait maintenant pourquoi : les mécanismes neuronaux impliqués dans la douleur diffèrent en partie selon le sexe biologique.
C’est le constat qui ressort des travaux menés au cours des dernières années par Yves De Koninck, professeur à la Faculté de médecine et membre du Centre de recherche CERVO de l’Université Laval, et ses collaborateurs canadiens* et américains**.
Yves De Koninck et ses collaborateurs ont observé que la protéine BDNF, produite par les microglies (les cellules de défense du système nerveux), lance un signal de douleur typiquement masculin. Elle accroît la sensibilité à la douleur pendant de courtes périodes chez les rats mâles, mais pas chez les femelles. Des analyses sur des tissus vivants post-mortem de moelle épinière humaine confirment l’observation pour les hommes versus les femmes. L’explication serait hormonale, puisque la BDNF active la douleur chez des souris femelles ne produisant plus d’hormones sexuelles à la suite d’une résection des ovaires.
Dans un autre projet, les équipes de Theodore Price et d’Yves De Koninck ont montré que c’est le peptide CGRP qui exacerbe la douleur chez le sexe féminin. Ce qui pourrait expliquer pourquoi les migraines sont le lot des femmes.
Pour Yves De Koninck, il est donc primordial que la recherche se penche davantage sur les différences sexuelles des signaux de la douleur afin d’adapter la médication.
* Michael Hildebrand, chercheur au Département des neurosciences de l’Université de Carleton, et Jeffrey Mogil, chercheur au Département de psychologie de l’Université McGill.
** Theodore Price, chercheur à la Faculté de neuroscience de l’Université du Texas.