Imaginez, dans la nuit, un gratte-ciel dont toutes les lumières sont allumées, mais qui n’apparaît que comme un point lumineux parce que vous vous trouvez à plusieurs kilomètres. Et maintenant, imaginez que l’on baisse de quelques centimètres un des stores de cet immeuble… C’est ce genre de faible variation de luminosité que l’équipe de Jason Rowe, professeur au Département de physique et d’astronomie de l’Université Bishop’s, essaie d’observer sur les exoplanètes. Ces variations sont causées entre autres par celles des conditions météo, combinées à la rotation des planètes. Si prédire la météo des prochains jours au Québec est difficile, imaginez prédire celle de planètes situées à des milliers d’années-lumière !
Comprendre cette météo aiderait à mieux comprendre la formation des exoplanètes. Ainsi, Jason Rowe et son équipe ont observé pendant deux mois les variations de la brillance des planètes gazeuses Uranus et Neptune. Grâce aux données du télescope Kepler, ils ont étudié ces planètes du système solaire afin d’élaborer une méthode qui serait utile pour mieux comprendre les exoplanètes.
L’équipe espérait également pouvoir mesurer le signal de l’oscillation d’Uranus et de Neptune – sans succès. Elle s’attendait en effet à pouvoir détecter la vibration de ces géantes gazeuses causée par le phénomène de convection provoqué par l’interaction entre les conditions météorologiques et les vagues d’énergie du Soleil qui frappent Uranus et Neptune. Comme lorsqu’on met de l’eau à bouillir sur le feu et que l’eau chaude en montant chasse l’eau froide vers le bas, ce brassage d’énergie amènerait les planètes à naturellement « vibrer ». De la même façon que l’étude des tremblements de terre permet de cartographier l’intérieur de la planète Terre, l’étude de cette oscillation aiderait à percer les secrets de l’intérieur des géantes gazeuses, jusque dans leur noyau. Les chercheurs ont tout de même établi les niveaux de précision requis pour pouvoir mesurer l’oscillation et poursuivent leurs travaux pour déterminer si elle existe.
Ces données serviront à préparer la mission du télescope Roman, un appareil spatial infrarouge qui sera lancé par la NASA en 2026. Jason Rowe, qui a d’ailleurs reçu deux médailles de la NASA, est l’un des rares Canadiens impliqués dans ce projet.