Au Québec, les cours en sciences et en technologies au secondaire visent surtout à former des citoyennes et des citoyens capables de participer aux grands débats qui comportent des dimensions scientifiques ou technologiques. Mais le personnel enseignant possède-t-il les outils nécessaires pour réussir cette mission? Vincent Richard, chercheur en éducation à l’Université Laval, a analysé la compréhension que les futurs enseignants et enseignantes ont du risque, une notion omniprésente dans plusieurs dossiers scientifiques controversés.

En sciences, le risque est clairement défini : on vérifie et on mesure la probabilité qu’un événement se produise ainsi que son impact délétère et préjudiciable sur des humains, une société, un environnement, etc. La compréhension populaire est plus subjective : un individu se demandera, par exemple, si cet événement peut lui arriver et l’affecter gravement.

En sciences, le risque est clairement défini mais la compréhension populaire est plus subjective.

Qu’en est-il des futurs enseignants et enseignantes? Vincent Richard a présenté à un groupe d’étudiantes et d’étudiants en enseignement la controverse entourant la présence du saumon transgénique dans les épiceries américaines. Il a constitué trois dossiers : l’un rassemblant des articles scientifiques, un autre qui reprenait des reportages de grands médias généralistes et un dernier composé de littérature grise. Il s’agissait de vérifier quelles sources d’information seraient privilégiées par le groupe, dont les membres devaient expliquer comment ils s’y prendraient pour présenter à leurs élèves le risque inhérent à cet aliment.

Le chercheur a ensuite analysé six argumentaires. Il a constaté que quatre d’entre eux avaient totalement escamoté les risques environnementaux. Les deux personnes qui en parlaient possédaient un diplôme en biologie. Par ailleurs, la plupart des arguments sur les dangers pour la santé humaine demeuraient subjectifs et tenaient peu compte du fait que les études scientifiques ne montraient aucune menace importante.

L’étude de Vincent Richard amène à se demander si les étudiantes et les étudiants en enseignement qui ne détiennent pas de baccalauréat en sciences ne bénéficieraient pas d’une formation améliorée, afin de mieux comprendre certaines notions scientifiques.