L’éducation est souvent perçue comme un outil de promotion sociale et professionnelle.

La réforme du système éducatif des années 1960 s’est largement réalisée afin de favoriser le rattrapage scolaire des Québécois et Québécoises. Nous avons effectivement assisté à une explosion scolaire, en particulier dans l’enseignement postsecondaire. Cette démocratisation est restée ségrégative à bien des égards. Cette situation prévaudrait encore aujourd’hui comme le soulignent différents résultats de recherche.

Notre recherche a exploré une première piste de travail : l’effet de la segmentation de l’enseignement secondaire en filière scolaire sur l’accès à l’enseignement collégial. Cette segmentation tient dans la coexistence de deux réseaux scolaires, l’école publique et l’école privée et dans la présence, dans les deux réseaux, de programmes ordinaires, de programmes enrichis et les programmes d’éducation internationale. En combinant les deux éléments, nous avons créé 6 filières scolaires. Nous avons, par la suite, établi la probabilité d’accéder aux études collégiales pour chaque filière, tout en contrôlant l’effet de quelques variables.

La croissance du revenu est modulée par différents facteurs, dont la formation continue.

L’étude démontre que moins de 40 % des élèves qui suivent la filière du programme ordinaire de l’école publique accèdent aux études collégiales, alors que, par exemple, cette proportion atteint 68 % chez ceux qui suivent la filière des programmes enrichis de l’école publique et 94 % dans les programmes d’éducation internationale des écoles privées. Ainsi, la segmentation de l’enseignement secondaire crée une situation de ségrégation scolaire et sociale, qui ne tient pas uniquement à l’existence des réseaux d’écoles publiques et privées.

Une seconde piste explorée est l’examen de l’effet de la participation à des activités de formation des adultes sur la mobilité économique, mesurée d’abord par le fait que le revenu augmente ou non et, ensuite par l’importance de cette augmentation. La participation est mesurée de quatre manières : la participation globale, la participation liée à l’emploi, la participation à des séminaires, des ateliers ou des cours et la participation à des programmes.

Trois constats ont été dégagés : 1) Globalement, la formation liée à l’emploi a un impact sur la croissance du revenu; 2) L’accès et les bénéfices de la formation liée à l’emploi favorisent les groupes les plus éduqués. Le groupe d’individu ayant un secondaire ou moins s’est avéré le seul où la formation liée à l’emploi ne contribue pas significativement à la croissance de revenu. Ce constat s’avère lourd de conséquences dans une perspective de réduction des inégalités; 3) Au Québec, la participation globale et la formation liée à l’emploi favorisent la croissance du revenu dans la population globale, mais pas dans la population en emploi. Elles ont aussi un effet significatif sur l’étendue de cette croissance dans la population globale et dans la population en emploi.

Cette différence entre l’ensemble de la population et la population en emploi tient au fait que, dans la population en emploi, le fait d’avoir une augmentation est une situation fréquente (augmentation du salaire minimum ou augmentation prévue dans les conventions collectives).

Ces deux recherches décrivent des situations d’ensemble. La première souligne que la segmentation de l’enseignement secondaire crée une ségrégation sociale qui se manifeste dans l’accès aux études postsecondaires. Cela va dans le sens des constats identifiés par d’autres acteurs éducatifs, comme le Conseil supérieur de l’éducation (CSE, 2016) pour qui le système éducatif québécois est inégalitaire. La seconde indique que la croissance du revenu est modulée par différents facteurs, dont la formation continue.

Chercheur principal

Pierre Doray, Université du Québec à Montréal

Résumé

Rapport de recherche

Appel de propositions

Dépôt du rapport de recherche : novembre 2019