La relation qu’un enfant entretient avec la nourriture dépend en partie des pratiques parentales mises en place à la maison. Ces pratiques seraient associées à la façon dont une mère régule sa propre alimentation et auraient des répercussions jusque dans l’assiette de son enfant. C’est ce qu’a constaté Noémie Carbonneau, professeure au Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), auprès de 300 mères d’enfants âgés de deux à huit ans. 

La chercheuse a observé deux types de motivation qui guident les comportements alimentaires : la motivation autonome et la motivation contrôlée. Les mères qui sont motivées de façon autonome adoptent généralement des comportements alimentaires qui concordent avec leurs valeurs. Leurs choix reposent principalement sur le plaisir. Avec leur enfant, elles font davantage la promotion de l’autonomie en impliquant l’enfant dans la cuisine et offrent un environnement alimentaire plus sain à la maison. En revanche, lorsque les mères sont motivées de manière contrôlée, leurs comportements alimentaires visent à éviter la honte et la culpabilité. La pression exercée par la société ou par les proches oriente également leurs choix. Leurs pratiques parentales reposent plutôt sur le contrôle coercitif, qui pousse à utiliser la nourriture comme récompense ou pour réguler les émotions de l’enfant.

Les stratégies mises en place par les parents ne peuvent expliquer à elles seules les comportements alimentaires des tout-petits, estime la chercheuse. Certains enfants semblent naturellement avoir une attirance plus forte pour la nourriture. C’est ce qu’on appelle une « réactivité alimentaire élevée », qui se traduit notamment par un plus grand appétit. Les mères qui ont une motivation autonome n’agiront pas différemment face à ce trait chez leur enfant et tireront même profit de cet intérêt en le faisant participer à la planification et à la préparation des repas. Les mères plus contrôlées seront quant à elles plus déstabilisées par ces traits. Orienter les mères vers des motivations plus saines pourrait donc favoriser la mise en place de pratiques parentales optimales. Il est possible que ces changements entraînent des effets positifs sur l’enfant et, éventuellement, améliorent sa relation avec la nourriture.

Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0195666323000673?via%3Dihub

Noémie Carbonneau est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les déterminants psychologiques et sociaux des comportements alimentaires