À l’heure de l’émergence de nouvelles habitudes de consommation et de comportements liées aux technologies des communications, il est légitime de se questionner sur l’évolution des pratiques de jeux d’argent dans la population.
Sur la base des connaissances disponibles, le développement du jeu en ligne soulève depuis vingt ans des préoccupations de santé publique puisque ses adeptes manifestent généralement davantage de problèmes psychosociaux que les joueurs hors-ligne.
Les résultats de cette étude dévoilent des impacts réels actuellement non saisis par les instruments de surveillance.
Cette recherche visait à vérifier si et dans quelle mesure la pratique des jeux d’argent en ligne générait davantage d’impacts préjudiciables pour la santé et le bien-être de joueurs adultes du Québec. À l’aide de la méthode novatrice d’appariement par score de propension, nous avons procédé à cette évaluation sur un échantillon de 826 joueurs réguliers répartis en sous-groupes : joueurs en ligne purs, joueurs en ligne mixtes et un groupe contrôle de joueurs hors-ligne.
Cette étude a permis de révéler que : 1) le jeu en ligne génère effectivement chez les joueurs en ligne et leur entourage un fardeau supplémentaire d’impacts et de jeu problématique. Ces impacts s’observent dans plusieurs sphères de leur vie : travail, relations, santé mentale et physique, finances et qualité de vie; 2) associé au jeu hors-ligne, la pratique du jeu en ligne fait augmenter considérablement le fardeau d’impacts en termes de nombre et d’intensité.
Au-delà de la mesure des problèmes de jeu, les résultats de cette étude dévoilent des impacts réels actuellement non saisis par les instruments de surveillance. Le coût de ces préjudices sur les joueurs, leur entourage et la communauté reste alors sous-estimé. À la lueur de ces résultats, l’élaboration d’une mesure populationnelle de surveillance permettant de dresser un portrait des préjudices du jeu se révèle essentielle.
Puisque la modalité en ligne ne fait qu’accentuer les conséquences négatives des jeux d’argent sur la santé et le bien-être des joueurs et de leurs proches, les politiques publiques devraient considérer l’encadrement de la commercialisation du jeu en ligne et des restrictions sur la promotion similaires à celles implantées pour d’autres produits à risque.
Chercheure principale
Élisabeth Papineau, Institut national de santé publique du Québec
Dépôt du rapport de recherche : décembre 2015