L’hydrogel est bioréactif et favorise la régénération tissulaire, traitant ainsi efficacement les perforations.
Les ulcérations et perforations cornéennes représentent un véritable enjeu de santé publique aussi bien au Canada qu’ailleurs sur la planète. Les perforations, en particulier, constituent des situations d’urgence. Actuellement, pour sauver l’œil, elles sont scellées avec de la colle cyanoacrylate. Cependant, cette colle est toxique et la personne atteinte perdra éventuellement la vue si elle ne reçoit pas une greffe de cornée de suivi. May Griffith, chercheuse au Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, affilié à l’Université de Montréal, a trouvé une solution efficace et accessible pour contourner ces problèmes : la LiQD Cornea, un hydrogel liquide synthétique, biocompatible et adhésif.
Simple à appliquer, le produit se gélifie au contact des tissus cornéens et colmate durablement la perforation, un peu comme un dentiste bouche une carie dentaire avec un plombage. Contrairement à ce dernier, cependant, l’hydrogel est bioréactif et favorise la régénération tissulaire, traitant ainsi efficacement les perforations. De plus, grâce aux avancées de la recherche et développement dans ce domaine, cette technologie pourrait remplacer la transplantation cornéenne, une opération coûteuse qui nécessite une expertise et des infrastructures médicales aussi lourdes que rares, surtout dans les pays défavorisés. Qui plus est, une grave pénurie de cornées de donneurs sévit à l’heure actuelle à l’échelle mondiale.
Cette approche novatrice en ophtalmologie, pilotée par une équipe multinationale, a démontré son efficacité chez l’animal. May Griffith et son équipe travaillent maintenant à obtenir le feu vert afin de mener des études cliniques chez l’humain. La LiQD Cornea pourrait être utilisée en clinique d’ici les trois à cinq prochaines années, pense la chercheuse, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les biomatériaux et les cellules souches en ophtalmologie ainsi que de la Chaire de recherche de la Fondation Caroline Durand sur la thérapie cellulaire des maladies de l’œil.