Justine Fortin

Justine Fortin

Candidate au doctorat en neuropsychologie, Université du Québec à Montréal


Publication primée : Perspectives sur l’accès et la qualité des services psychosociaux en cancer du sein : une étude qualitative sur l’expérience avant et durant la pandémie de la COVID-19

Publiée dans : Santé mentale au Québec

Résumé :

La trajectoire de soins associée au cancer du sein peut être associée à de la détresse psychologique chez les patient.e.s. cependant, l’accès aux services psychosociaux qui aident à gérer cette détresse demeure parfois difficile.

Avant la pandémie de la COVID-19, plusieurs cliniques et hôpitaux au Québec offraient des services psychosociaux aux patient.e.s qui recevaient un diagnostic de cancer du sein, mais peu d’études se sont intéressées à la qualité et à l’accessibilité de ces services. Avec la pandémie qui est arrivée en mars 2020, ces services ont été bouleversés, et il était essentiel d’étudier comment cela a affecté les patient.e.s.

La présente étude visait à comprendre et comparer l’expérience des patient.e.s québécois.es vivant avec un cancer du sein, qui au moment de la pandémie, ce qui leur a permis de partager leur vécu quant à l’accès et la qualité des services psychosociaux. Un second objectif était de collecter les recommandations de la part des patient.e.s pour améliorer ces services. Des entrevues ont été effectuées avec 18 patientes québécoises, dont la moyenne d’âge était de 47 ans. Les propos partagés lors de ces entrevues ont ensuite été analysés pour identifier des thèmes communs et répondre aux objectifs de l’étude. Les résultats montrent que seulement une minorité de patientes (6 sur 18) ont reçu une offre de services psychosociaux au moment de leur diagnostic. Même si ces services ont été utiles pour celles qui y ont eu accès, la plupart des patientes (12 sur 18) n’ont pas reçu d’aide psychosociale immédiate, et plusieurs ont dû chercher de l’aide par elles-mêmes. Cela a créé une insatisfaction, surtout chez les femmes qui vivaient une forte détresse psychologique dès l’annonce du diagnostic de cancer du sein. La pandémie de la COVID-19 semble avoir exacerbé ce problème. Avec la fermeture des cliniques de dépistage, les retards dans les traitements, et l’annonce des diagnostics à distance, de nombreuses patientes ont eu plus de mal à accéder aux services psychosociaux. Celles qui ont pu en bénéficier ont trouvé que cela arrivait souvent trop tard dans la trajectoire de soins, quand l’anxiété ou l’angoisse avaient déjà atteint des niveaux élevés. De plus, les patientes plus jeunes ont souvent trouvé que les services proposés ne répondaient pas à leurs besoins spécifiques, comme la question de la fertilité ou de la sexualité.

Globalement, cette étude montre qu’il est essentiel d’offrir des services psychosociaux dès l’annonce du diagnostic de cancer du sein et de continuer à les adapter tout au long du parcours médical en temps de crise et de non-crise. Les résultats suggèrent également que ces services doivent être personnalisés, en tenant compte de l’âge et des préoccupations particulières des patient.e.s. Cela contribuerait à améliorer le bien-être psychologique des patient.e.s tout au long de leur traitement contre le cancer du sein.