Le maintien d’une bonne qualité de l’air constitue un enjeu majeur pour l’exploitation et le développement durable des mines souterraines. Les émanations de moteur diesel (ÉMD), récemment classifiées cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) sont, de fait, devenues un contaminant d’intérêt prioritaire.
L’étude visait à documenter les niveaux d’exposition de travailleurs miniers aux ÉMD à l’aide de plusieurs indicateurs d’exposition (poussières combustibles respirables (PCR), carbone élémentaire (CE), carbone total (CT)). L’étude visait aussi à identifier les principaux déterminants des expositions aux ÉMD et à évaluer différentes méthodes de mesure de l’exposition pour, in fine, évaluer la pertinence des différents indicateurs disponibles.
Des concentrations moyennes de 71 μg/m³ en CE, de 130 μg/m³ en CT et de 160 μg/m³ en PCR ont été mesurées en zone respiratoire des travailleurs. La norme d’exposition actuellement en vigueur au Québec est de 400 μg/m³ en CT. Les mesures effectuées ont permis d’identifier que les expositions les plus élevées pour le CT ont été associées aux foreurs jumbo, aux opérateurs de chargeuse navette et aux camionneurs. Les expositions les moins élevées ont été mesurées chez les opérateurs de marteau et les foreurs long trou.
L’analyse détaillée des résultats de chacune des mines suggère que les cabines fermées et ventilées sont un élément important de la stratégie de maîtrise des expositions aux ÉMD. La présence de ces cabines permet aussi d’offrir aux travailleurs une ambiance climatisée, permettant de maîtriser par la même occasion les contraintes thermiques et d’autres contaminants aéroportés (par ex : silice cristalline) présents dans les mines souterraines. Les résultats suggèrent aussi la présence d’autres sources de carbone non associées aux ÉMD et donc la possibilité d’une interférence dans l’évaluation des expositions aux ÉMD en utilisant le résultat de CT. Une de ces autres sources de CO a été associée à la présence de foreurs qui utilisent divers lubrifiants et qui sont reconnus pour émettre des brouillards d’huile.
Les travaux ont ainsi permis à l’équipe de recherche de proposer un indicateur spécifique de l’exposition, à savoir la mesure de CE. Des recommandations précises ont été formulées par rapport à l’utilisation des instruments à lecture directe, le plus spécifique étant un moniteur portatif en temps réel de carbone élémentaire (Airtec, FLIR).
Finalement, les travaux ont validé l’utilisation d’un système de double port pour l’évaluation simultanée des ÉMD et des poussières de silice cristalline. Les travaux de recherche guident ainsi les pratiques vers une meilleure connaissance des expositions professionnelles et de l’évaluation des risques à la santé respiratoire des travailleurs, donc vers une meilleure prévention des maladies professionnelles respiratoires.
Chercheur responsable
Maximilien Debia
Équipe de recherche
Maximilien Debia, Université de Montréal
Stéphane Hallé, École de technologie supérieure
Jérôme Lavoué, Université de Montréal
Durée du projet
3 ans
Montant
300 000 $
Partenaire financier
Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles
Appel de propositions
Développement durable du secteur minier