Christophe Tanguay-Sabourin
Étudiant au doctorat en médecine et boursier Vanier
Université de Montréal; Alan Edwards Centre for Research on Pain, Université McGill
Publication primée : A prognostic risk score for development and spread of chronic pain
Publiée dans : Nature Medicine
Résumé
La douleur chronique est un problème complexe qui résulte d’une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Basée sur des données issues de la Biobanque du Royaume-Uni comprenant près de 500 000 individus, l’étude entreprise par Christophe Tanguay-Sabourin et ses collaborateurs a permis de développer un modèle prédictif pour évaluer le risque de développement et de propagation de la douleur chronique dans différentes parties du corps. Ce modèle prend en compte divers facteurs de risque comme l’insomnie, l’état d’esprit négatif (sentiment de fatigue, déprime), les événements stressants dans la vie et un indice de masse corporelle supérieur à 30. Les auteurs ont également simplifié ce modèle en une version courte, appelée Risque de Propagation de la Douleur (ROPS), qui peut être appliquée rapidement avec seulement six questions à réponse binaire (oui/non). Ce modèle simplifié a été validé sur d’autres cohortes de population et a montré des résultats prometteurs dans la prédiction du développement et de la propagation de la douleur chronique. Il peut être utile non seulement dans la recherche mais aussi dans la pratique clinique pour identifier les personnes à risque. L’originalité de ce travail réside également dans la mise en lumière de la notion de « propagation de la douleur ». Elle semble liée à des impacts significatifs sur la vie quotidienne des personnes, comme les limitations au travail ou dans les activités sociales, ce qui peut mener à une plus grande consommation de médicaments opioïdes et à des besoins accrus en soins de santé. Ce modèle a aussi démontré que les marqueurs biologiques, comme certains indicateurs inflammatoires ou génétiques, ne sont que faiblement associés au nombre de sites douloureux, soulignant l’importance des facteurs psychosociaux dans la compréhension de la douleur chronique. Cependant, l’étude présente certaines limites. La principale est que la population étudiée dans la Biobanque du Royaume-Uni manque de diversité, ce qui pourrait limiter la généralisation des résultats. Malgré ces limites, ces découvertes ouvrent la voie à une meilleure compréhension de la douleur chronique et offrent un outil pratique pour le dépistage et la gestion du risque. En résumé, ce travail offre une nouvelle manière d’aborder la prévention et la gestion de la douleur chronique, en mettant en évidence la nécessité de considérer non seulement les facteurs biologiques, mais aussi psychosociaux. L’outil de dépistage développé pourrait avoir de multiples applications, allant de la sélection de patients pour des études cliniques à la mise en place de plans de traitement plus personnalisés et efficaces.