Geneviève Fortin

Étudiante au doctorat en santé publique
Université de Montréal

Publication primée : Portrait of Montréal healthcare workers infected with SARS-CoV-2 during the first wave of the pandemic: a cross-sectional study

Publiée dans : Canadian Journal of Public Health

Résumé

En 2020, lors de la première vague de COVID-19, Montréal était la ville la plus touchée au Canada. À ce moment, peu de données sociodémographiques étaient collectées lors des enquêtes de cas, ce qui ne permettait pas d’avoir un portrait complet de la situation. Il était toutefois apparent que des iniquités existaient dans la distribution des cas de COVID-19 et que certains milieux étaient plus vulnérables. Au printemps 2020, les travailleurs de la santé représentaient 25 % des cas à Montréal, et certaines indications suggéraient que les travailleurs immigrants et racisés étaient sur-représentés dans les cas de COVID-19 chez les travailleurs de la santé. Il devenait donc pertinent de documenter le profil des travailleurs de la santé à Montréal pour protéger cette population et mieux cibler les interventions. L’étude de Geneviève Fortin et ses collaborateurs a été menée à la demande et en collaboration avec la Direction régionale de santé publique de Montréal. Le but de l’étude était de décrire les profils des travailleurs de la santé de Montréal infectés par le SARS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19, incluant des caractéristiques sociodémographiques, et liées au travail et à leurs milieux de vie. Des statistiques descriptives ont été réalisées, suivies de régressions logistiques pour estimer les associations d’intérêt. Les participants étaient en majorité des femmes (74 %), nés à l’extérieur du Canada (65 %) et s’identifiaient comme des personnes Noires, Autochtones et de couleur (63 %). Ces proportions étaient supérieures aux proportions de ces groupes dans la population générale de travailleurs de la santé, suggérant une sur-représentation des femmes, des personnes immigrantes et racisées dans les cas de COVID-19. En termes d’emploi, 40 % étaient des préposés aux bénéficiaires et 20 % des infirmières cliniciennes. La moitié (52 %) des participants ont déclaré ne pas avoir eu un accès suffisant à l’équipement de protection individuelle (EPI) et 30 % n’avaient jamais reçu de formation liée à la prévention de la COVID-19, une grande partie étant des femmes racisées. Travailler le soir ou la nuit diminuait de moitié les chances d’avoir un accès suffisant aux EPI. Cette étude décrit le profil des travailleurs de santé qui ont été infectés lors de la première vague de la pandémie de COVID-19 à Montréal. En se basant sur les résultats, des recommandations peuvent être émises : 1) Collecter des données sociodémographiques complètes des travailleurs de la santé infectés lors de futures crises sanitaires pour identifier et mieux protéger les populations pouvant être vulnérables; 2) Fournir de l’EPI et des formations en prévention et contrôle des infections pendant les crises sanitaires de façon équitable.