Sagittaire A* est un trou noir supermassif à nul autre pareil. Cet objet céleste environ 4,5 millions de fois plus massif que le Soleil a comme particularité de se situer au centre de la voie lactée, à 26 000 années-lumière de la Terre. De ce fait, Sgr A* est cent fois plus près de notre planète que n’importe quel autre trou noir supermassif, ce qui en fait un laboratoire idéal pour étudier les microphénomènes astrophysiques complexes qui se déroulent au pourtour de tels objets. Daryl Haggard, professeure au Département de physique de l’Université McGill, s’intéresse aux émissions de rayonnement intense à haute énergie provenant de Sgr A*, tout particulièrement les rayons X.
Sgr A* est cent fois plus près de notre planète que n’importe quel autre trou noir supermassif.
Pour ce faire, la chercheuse compte sur les données astronomiques générées par des observatoires à multiples longueurs d’onde, notamment les télescopes spatiaux à rayons X Chandra et Swift. Ses travaux reposent en outre sur les observations effectuées dans le cadre de collaborations avec le radiotélescope Very Large Array, situé sur la surface terrestre, et avec XMM Newton, un observatoire spatial qui se destine à l’étude des rayons X. Ces images ont toutes été captées en 2017 et 2018, à la suite d’un intense effort de coordination à l’échelle internationale. Elles sont depuis analysées et interprétées par l’équipe de Daryl Haggard.
Une première photo de Sgr A* devrait être publiée d’ici les prochaines années, voire les prochains mois. Elle sera accompagnée d’une explication sur l’origine exacte des émanations d’énergie issues du disque de plasma qui tourne autour de l’horizon du trou noir supermassif. À terme, ces travaux feront avancer les connaissances sur la formation et la croissance de ces objets célestes, des sujets qui sont au cœur des recherches en astrophysique moderne. Ils permettront aussi de mieux comprendre ce qu’il advient des jets d’énergie lorsqu’ils sont éjectés dans la galaxie. Les techniques de pointe développées pour ausculter les trous noirs supermassifs pourraient un jour être récupérées pour servir à la mise au point de technologies du quotidien.