Pour empêcher les bactéries de pénétrer dans leurs feuilles, les plantes ont le réflexe de fermer leurs stomates. Ces derniers, de petits pores situés à la surface des feuilles qui permettent les échanges gazeux, ne sont toutefois pas infaillibles et constituent une porte d’entrée pour les pathogènes. Une équipe du Département de biologie de l’Université de Sherbrooke a trouvé une façon inusitée de guérir ces plantes. En les exposant à un éclairage continu de plus de 24 heures, ils ont réussi à chasser les pathogènes. L’expérience a été dirigée par Peter Moffett, directeur du centre SÈVE, un regroupement stratégique financé par le Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies.
La lumière a eu pour effet de stimuler le système immunitaire des végétaux en augmentant la production d’acide salicylique, une hormone qui active les mécanismes de défense de la plante et ouvre ses stomates. Cette action est cruciale pour la guérison, comme l’a démontré la même équipe dans une autre étude.
Cette fois, les chercheurs avaient identifié le mécanisme mis en place par la bactérie Pseudomonas syringae pour infecter une plante. Une fois introduite dans la feuille, elle forcerait la plante à fermer ses stomates grâce à une hormone mimant une période de sécheresse. Ne pouvant plus évacuer l’eau, le niveau d’humidité augmente, créant un environnement propice à la croissance des bactéries, ce qui entraîne progressivement la mort de la plante. Cependant, en braquant la lumière sur ces plantes pendant une période prolongée, les stomates s’ouvrent et la feuille est alors aérée, privant la bactérie d’un milieu favorable à sa reproduction.
Si ce traitement à la lumière est difficile à appliquer pour la culture en champ, il pourrait toutefois profiter à la production en serre, notamment celle de la tomate, durement touchée par cette bactérie. Diminuer le nombre de plantes infectées éviterait alors aux producteurs des pertes financières importantes.
Référence : https://www.nature.com/articles/s41467-023-36382-7