Le personnel enseignant des écoles secondaires s’efforce d’adapter son enseignement aux besoins propres à chaque élève. Cependant, la taille et la très grande hétérogénéité des classes leur compliquent la tâche.

Geneviève Bergeron, chercheuse en sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières, a mené des entretiens auprès d’une douzaine de personnes qui enseignent le français, les mathématiques et le français langue seconde. Elle voulait mieux connaître leur vision de la différenciation pédagogique, une approche qui propose d’adapter l’enseignement aux caractéristiques et aux besoins des élèves, afin de favoriser leur réussite.

La chercheuse a constaté que l’ensemble du personnel enseignant souhaite utiliser cette méthode, mais fait face à plusieurs défis. Parmi les principaux obstacles, notons le nombre important d’élèves et de groupes à accompagner, la pénurie de ressources et le manque de temps. La crainte d’avantager certains élèves par rapport à d’autres en leur offrant des outils différents les freine aussi dans leurs élans.

La différenciation pédagogique demeure donc très réactive, c’est-à-dire qu’on y a recours surtout quand le personnel enseignant souhaite corriger un problème vécu par une ou un élève. Ce type d’intervention suppose un certain besoin de formation sur une approche qui doit aussi être perçue comme préventive et s’adressant à l’ensemble du groupe.

Geneviève Bergeron a aussi perçu une tension entre le désir de développer l’autonomie des jeunes et le fait que peu d’occasions leur sont fournies pour la développer. Cela se traduit par une hésitation à employer des méthodes comme le travail d’équipe et la liberté de choix, notamment par peur de devoir gérer des comportements difficiles.

Ces résultats démontrent l’importance d’offrir au personnel enseignant des conditions de travail qui favorisent l’utilisation de méthodes d’enseignement inclusives. Cela passe notamment par la création de groupes plus équilibrés, l’octroi de plus de temps pour la planification et la mise en place d’espaces collaboratifs. La recherche souligne aussi le besoin d’intensifier les formations portant sur cette approche.

Références :

Bergeron, G., Houde, G. B., Prud’homme, L. et Abat-Roy, V. (2021). Le sens accordé à la différenciation pédagogique par des enseignants du secondaire : quels constats pour le projet inclusif? Éducation et Socialisation, 59, p. 1-17. https://doi.org/10.4000/edso.13814

Bergeron, G., Houde, G. B., Barthos, M. et Bergeron, L. (2022). Le soutien à l’autonomie dans la gestion de classe d’enseignants du secondaire : conceptions, pratiques et paradoxes. Didactique, 3(3), p. 37-64. https://doi.org/10.37571/2022.0303